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Estelle Cognacq est membre du jury des Prix éducation aux médias et à l’information de cette 12e édition des Assises, et directrice adjointe de la rédaction à France Info.

La Feuille: à titre personnel, quels critères avez-vous retenus pour présélectionner les projets en lice ?

Estelle Cognacq: J’ai été particulièrement attentive à leur originalité. Certains ne sont pas novateurs. J’ai été plus intéressée par des projets avec des thématiques nouvelles.

Quelles initiatives vous ont marquée en termes d’éducation aux médias et à l’information ?

E.C. : Celles dédiées aux personnes qui n’ont pas accès aux médias, comme « Interclasses » de France Inter, nommé dans la compétition pour le Prix pour la meilleure initiative dans un média francophone. C’est un projet où des journalistes viennent créer un média dans des lycées de banlieue. Ce type d’initiative permet de renouer le contact entre les journalistes et la population. Il y a aussi tout le travail d’éducation aux médias et à l’information opéré par le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi). Il organise des rencontres entre des journalistes et des classes de jeunes. Ces scolaires viennent découvrir les rédactions pour poser des questions aux journalistes. Nous, à France Info, quand nous accueillons des scolaires, nous les faisons beaucoup réfléchir à la vérification de l’information.

Comment expliquer que l’éducation aux médias et à l’information ait une telle importance aux Assises ?

E.C. : Le manque de proximité entre les journalistes et la population est une composante de la crise des médias. Les jeunes sont plus éloignés du monde des médias qu’il y a vingt ans. Avant, les parents regardaient le journal avec leurs enfants et des journaux traînaient à la maison. Une discussion se créait sur des sujets. Aujourd’hui, il n’y a plus de débat, les jeunes sont livrés à eux-mêmes. On ne sait plus comment ils s’informent. Sans adulte, ils ne peuvent pas développer un regard critique. C’est une des raisons qui expliquent l’éloignement entre les journalistes et leur public, d’autant plus que les jeunes sont plus sensibles aux fake news et aux théories du complot. Cela veut dire qu’il faut encore plus les éduquer. Ils sont les lecteurs de demain.

Propos recueillis par Théo TOUCHAIS et Mathilde WARDA