Raphaël Garrigos a quitté Libération en janvier 2015. Photo : Sébastien Calvet / Les Jours
Raphaël Garrigos a été journaliste plus de 15 ans à Libération. Il a quitté le journal il y a un an pour se lancer dans un projet : le site d’information Les Jours.
Lui et sa femme, Isabelle Roberts, avaient un principe : ne jamais apparaître à la télévision parce qu’ils travaillaient sur les pages médias pour Libération. Mais le 14 février dernier, au cours de l’émission Médias le mag, sur France 5, ils ont fait tomber le masque. Invités pour présenter leur nouveau projet, « les Garriberts », sont apparus « à nu ». « Nous, on les connaissait, mais le public découvre Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos », lançait alors Thomas Hugues, le présentateur du programme.
L’info sur le long terme
Raphaël Garrigos a longtemps entretenu deux histoires d’amour. Celle avec Libération, qu’il a rejoint en 1998 « comme petit pigiste pour la rubrique télé » avant de devenir chef adjoint du service média, et celle avec son épouse, Isabelle Roberts, avec qui il a toujours travaillé. En janvier 2015, son histoire avec Libération a pris fin. Patrick Drahi, le président d’Altice, rachète le journal et annonce un plan social pour rééquilibrer les comptes. C’est l’heure pour Raphaël Garrigos. « Les vannes de départ étaient grandes ouvertes. Certains ont essayé de nous retenir, mais on avait un projet en tête. On s’est inscrit sur la liste de départ et on est parti », raconte-t-il aujourd’hui, sans regret. Ce projet, c’était les Jours, un site d’information généraliste payant.
« On se réunissait chaque semaine pour mettre au point le projet avant de quitter Libération », précise le cofondateur. La version pilote est sortie le 11 février. Au sein de la rédaction, huit anciens de Libé, une ex-journaliste de Rue89, des photographes et quelques pigistes. Un virage dans la carrière de ce journaliste de 43 ans : c’est seulement sa deuxième rédaction en 17 ans. L’idée des Jours : creuser l’information sur le long terme, leurs « obsessions », et la mettre en scène sous forme d’épisodes. Un projet lancé dans un contexte difficile, mais pas de panique pour l’intéressé : « personne ne croyait à la presse payante en ligne avant que Mediapart ne prouve le contraire. On verra s’il y a de la place pour nous ».
Objectif : 25 000 abonnés
Si Raphaël Garrigos avoue qu’il a parfois douté, les Jours ont été soutenus. Pour financer le projet, les anciens de Libé ont investi et fait appel à une campagne de financement participatif grâce à laquelle ils ont récolté 80 000 euros. Pour équilibrer les comptes, ils espèrent atteindre un cap de 25 000 abonnés d’ici trois ans. « On a des ambitions démesurées. Même si l’on ne compte pas concurrencer Le Monde, on aimerait s’imposer sur le Web, avoue-t-il. On ne veut pas que ce ne soit qu’une aventure. » Le site, sans publicité, met en valeur son indépendance.
« Grâce à notre modèle économique, nous allons enquêter sur des sujets qui sont désertés comme les cosmétiques ou la consommation », s’avance Raphaël Garrigos. Mais pour l’heure, son obsession est la reprise de Canal+ par Vincent Bolloré. Investisseur vs Garriberts, deuxième manche.
Nicolas TAVARES
Débat : Ils ont innové cette année – Mercredi 9 mars de 14h00 à 15h45 au Centre de Congrès de Tours.