" Rassembler la famille des journalistes et des médias chaque année est primordial " Crédit photo : Journalisme & Citoyenneté

Marc Mentré. Photo : Journalisme & Citoyenneté

Nouveau président de l’association Journalisme et Citoyenneté, qui organise les Assises du journalisme, Marc Mentré évoque le choix stratégique de la ville de Tours et appelle le public à assister à l’événement. Il insiste sur la nécessaire réflexion qui doit être mise en place au sein d’une profession plus que jamais malmenée.

 

La neuvième édition des Assises du journalisme se tiendra le 9, 10 et 11 mars au Centre de congrès Vinci, à Tours. Quels sont les objectifs d’un tel événement ?

Les Assises du journalisme ont plusieurs objectifs. Tout d’abord, rassembler la famille des journalistes et des médias. Cette famille est éclatée et connaît tellement de contradictions qu’il est primordial de la réunir une fois par an. Mais le journalisme n’est pas quelque chose qui se vit en vase clos. C’est pourquoi nous tenons vraiment à ce qu’un public soit présent, afin que le dialogue soit possible. Les Assises sont un lieu de réflexion et d’action afin de défendre l’indépendance des rédactions.

Les assises prennent place à Tours cette année. Pourquoi cette ville ?

Auparavant, l’évènement était itinérant : Metz, Strasbourg, Lille, Poitiers… L’idée de Jérôme Bouvier (fondateur et ancien président des assises, ndlr) est d’ancrer les Assises du journalisme dans une ville, de les marier avec Tours, quelle que soit l’année. C’est l’occasion d’implanter un événement national, voire international sur la ville de Tours. Il s’agit d’un choix stratégique : il y a d’abord une position géographique intéressante, une école de journalisme reconnue et du bon vin !

Pourquoi ne pas les implanter à Paris ?

Nous voulons vraiment que l’événement se tienne dans une ville qui n’est pas Paris, et ce pour plusieurs raisons. Nous avons déjà l’expérience des Assises dans la capitale (2009, 2013, 2015, ndlr). En réalité, Paris est une ville où les gens ne font que passer. Dans une ville régionale comme Tours, on peut imaginer que les visiteurs resteront une journée, voire deux même trois. C’est réfléchi. Paris, ça fonctionne moins.

Les Assises se veulent un événement à rayonnement international. Est-ce vraiment possible ?

Nous y travaillons. Cela dépend également des années. Quand les Assises avaient lieu à Strasbourg, il y avait beaucoup de Belges et d’Allemands. Quand c’était à Lille, il y avait des Américains. L’idée est d’ouvrir le plus possible la manifestation sur l’international.

Peu voire pas de pays étrangers sont représentés cette année. Pourquoi ?

L’idée est à terme que les pointures internationales viennent discuter du journalisme aux Assises. Mais deux choses ne sont pas faciles. Faire venir des étrangers n’est pas gratuit, et même si nous le souhaitons vraiment, le coût est souvent trop élevé. En plus, il faut arriver à trouver des thèmes et des sujets qui intéressent des journalistes de tous pays.

Venons-en au thème justement. Ces neuvièmes assises du journalisme se consacreront au « Prix de l’information ». Pourquoi ce sujet ?

C’est une question qui interroge sur l’avenir du journalisme. L’information a un prix, mais qui est prêt à le payer ? Nous sommes convaincus qu’il est possible de faire émerger des modèles économiques soutenables pour le journalisme. Cela passe par des réflexions collectives qui ne sont pas seulement orientées vers les journalistes mais aussi vers les citoyens.

Quelle sera leur place ? Leur présence est indispensable afin que le dialogue s’instaure dans un contexte de méfiance croissante vis-à-vis des médias. 

Oui, elle est nécessaire. Les conférences du matin sont professionnelles. De notre expérience, peu de citoyens s’y rendent. En revanche, celles de l’après-midi et du soir sont des conférences sur des sujets plus ouverts au grand-public.

Une place importante sera également consacrée à l’éducation aux médias. Qu’est-ce que cela signifie ?

Autrefois, les citoyens s’informaient, lisaient le journal le matin, écoutaient la radio, et avaient rendez-vous avec le JT de 20h. L’information faisait partie de la vie. Aujourd’hui, tout est déstructuré. L’image et les réseaux sociaux font émerger une information qui est parfois fausse, très souvent non vérifiée. Les jeunes en particulier sont très sensibles aux réseaux sociaux, alors qu’on sait très bien qu’on peut y trouver n’importe quoi sur n’importe quelle information.

Les Assises du journalisme ont-elles un impact sur le renouvellement du métier ?

Très modestement, nous pensons que oui. Elles participent au changement. Toutes les questions que l’on se pose sur la profession peuvent participer à son renouvellement. Depuis la création des Assises il y quelques années, tout a changé dans la pratique du métier. Nous nous sommes chaque année posé les questions qu’il fallait et nous avons essayé d’y répondre de la meilleure des manières.

Propos recueillis par Simon SOUBIEUX