Soizic Bouju entretient un amour de longue date pour la presse locale. L’ancienne directrice des études de l’ESJ Lille a toujours œuvré pour faire évoluer le milieu.

Victorine Gay

Soizic Bouju, lors des Assises 2016. (Photo : V. Gay)

« L’année 2016 sera une année charnière pour les médias régionaux. Les prévisions ne sont pas bonnes, c’est à nous de ne pas la rendre catastrophique ». D’une voix ferme, Soizic Bouju est alarmiste, sans être pessimiste « nous allons évoluer » se reprend-elle. La journaliste sortie de l’ESJ Lille en 1990 organise du coaching pour les journalistes locaux depuis moins d’une dizaine d’années. Son objectif : mettre en œuvre des projets pour réinventer le monde de la « PQR » (presse quotidienne régionale). « Dans dix ans, j’imagine la presse locale avec une périodicité différente, un contenu transformé avec une information plus individualisée et accessibles sur de nouveaux supports. »

Arrivée en Bretagne dans les années 1980, Soizic Bouju a grandi à Rabat (Maroc). « Ce sont mes grands-parents qui m’ont fait aimer la presse. Je lisais La liberté du Morbihan avec eux. En France, c’était le grand écart avec le Maroc, où les journaux sont plutôt de la propagande » se rappelle-t-elle. « Dés la fin du collège je savais que je voulais être journaliste. En troisième j’ai envoyé une lettre à l’ESJ Lille pour me renseigner sur l’école » poursuit-elle. Une formation à l’école de journalisme de Lille et quelques stages au sein du quotidien régional Nord Éclair lui font ensuite adorer la presse locale : « J’aime énormément leur liberté éditoriale et la proximité avec les lecteurs ». Une rédaction qu’elle quitte en 1998, après huit années de services, pour se consacrer aux ressources humaines. Après un poste de DRH dans le groupe Prisma Presse entre 2003 et 2008, Soizic Bouju retrouve son premier amour : la presse quotidienne régionale, en tant que coach média. Elle est aujourd’hui directrice de l’innovation éditoriale du groupe Centre France – La Montagne.

« Les dix engagements » de la presse régionale

« Les lecteurs ne se sentent plus proches de leur journal local analyse Soizic Bouju. Avant, ils avaient le réflexe d’aller le chercher chaque matin, aujourd’hui ils commencent à se demander s’ils vont l’acheter ».« La presse régionale a plusieurs soucis auxquels nous essayons de remédier en accompagnant les acteurs du milieu ». Pour ce faire, l’ancienne journaliste de 49 ans a travaillé sur une feuille de route éditoriale, « Les dix engagements », qu’elle fait respecter aux journalistes du groupe. Parmi les engagements on retrouve des conseils pour « ouvrir sa rédaction », « rendre service » ou encore « faire de vrais choix ».

Il y a un an et demi, l’équipe de rédaction La Montagne à Riom (Puy-de-Dôme) a adopté pendant un mois et demi le mode de fonctionnement digital first. L’idée : penser à la version numérique avant celle du papier. « Cela a permis d’aborder les thématiques et construire des articles de façon différente sur la version papier » conclut Soizic Bouju aujourd’hui. Le numérique avant tout, c’est peut-être l’avenir de la presse quotidienne régionale.