Françoise Nyssen et Thomas Sotto

Le 4 mars dernier, Françoise Nyssen annonçait le doublement de l’enveloppe budgétaire pour l’éducation aux médias et à l’information. Cependant, le flou est toujours total sur la répartition des crédits.

La réponse aurait pu être apportée ce midi. Françoise Nyssen, ministre de la Culture était en visite aux Assises du journalisme. L’occasion pour elle de répondre aux questions des étudiants de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT). Elle a insisté sur son plan pour développer l’éducation aux médias et à l’information (EMI). Dans les colonnes du Figaro, le 4 mars, la ministre annonçait que le budget de l’EMI allait passer de trois à six millions d’euros. Elle prévoit trois grands projets dans son nouveau plan. Interviewée sur le plateau de l’EPJT, elle a déclaré : « Sur le terrain, ces six millions d’euros viendront en soutien à des associations qui font un travail formidable et notamment ceux qui savent, c’est-à-dire les journalistes. »

La ministre compte également sur les bibliothèques pour étendre ces actions. Dans son interview au Figaro, Françoise Nyssen veut que ces lieux deviennent des « référent[s] numérique[s] pour l’éducation aux médias ».  Elle mise aussi sur l’audiovisuel public. La ministre doit rencontrer le 19 mars les patrons de l’audiovisuel public pour discuter, entre autres, de ce sujet.

Françoise Nyssen entend par ailleurs travailler avec les services civiques pour développer son action. Devant le public des Assises, elle a déclaré : « J’ai décidé de créer un grand programme de service civique sur le modèle de ceux qui ont développés les ciné-clubs dans les lycées et dont les résultats spectaculaires. »

Un financement flou

Avant de s’accorder sur la répartition de cette nouvelle somme, il faudrait déjà savoir où vont les trois millions déjà alloués à l’EMI. En explorant le budget du ministère de la Culture, on tombe sur le programme 180. Ce programme, intitulé « Presse et médias », est découpé en quatre points. L’un d’eux, « Soutien aux médias de proximité », semble prometteur. 1 581 660 euros sont consacrés à la mission qui prévoit, entre autres, que ces médias de proximité « permettent à un large public de se familiariser avec la pratique journalistique, participant ainsi de l’objectif d’éducation aux médias ». Voilà déjà une source de financement trouvé.

Le ministère a également mis en place, à l’été 2015, le programme « Journalistes en résidence ». Des journalistes sont mobilisés pendant une longue durée sur un territoire où ils doivent mener un projet (aide à un média associatif, projets avec des écoles…) avec les habitants. Cette activité rentre dans le cadre de l’éducation aux médias et est gérée par les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC).

Interrogées, les DRAC ne sont pas forcément réactives. D’après nos calculs, elles mobiliseraient 193 000 euros pour les résidences de journalistes cette année. On est encore bien loin des 1.5 millions d’euros manquant. Contacté pour avoir plus d’explications sur les sommes dédiées à l’éducation aux médias et à l’information, le ministère de la Culture reste flou et n’apporte aucune réponse quant au budget actuel de l’EMI. Le financement, enjeu primordial, semble donc très opaque du côté du ministère de la Culture.

Enfin un dernier programme attire l’œil : le programme 224 « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture ». Il prévoit 12,5 millions d’euros pour « l’éducation à l’image, aux médias et à l’information ». Une somme dont le ministère est incapable de donner la répartition. C’est peut-être ici que se cache le million restant.

L’éducation aux médias bénéficie d’un financement très flou, notamment dû à sa transversalité. Plusieurs ministères sont touchés par le sujet, et en première ligne l’Éducation nationale. Elle a inscrit en 2015 au socle commun de compétences scolaires l’éducation aux médias et à l’information.

Louise Baliguet et François Breton