Annick Cojean

Retrouvez l’essentiel de la rencontre avec Annick Cojean, grand reporter au Monde, pour Je ne serais pas arrivée là si… (2018) publié aux Éditions Grasset et Clara Beaudoux pour Madeleine Project (2016) paru aux Éditions du Sous-sol.

 

Animé par Marie-Laure Augry, journaliste et vice-présidente de l’association Journalisme & citoyenneté. 


LES ENJEUX

Dans son livre, Clara Beaudoux retrace la vie d’une femme, Madeleine, qui a habité dans son appartement. Dans sa cave, elle a découvert des trésors, des vieux objets qui témoignent de la vie d’institutrice de Madeleine. Petit à petit, sur Twitter, elle a publié des photos. De tous ces tweets et de ces découvertes, est né un livre, il s’appelle Madeleine Project. De la chanteuse de jazz Mélody Gardot, en passant par Patti Smith ou encore Claudia Cardinale, Annick Cojean, elle, raconte les espoirs, les épreuves, les rêves de femmes célèbres. Durant cette conférence, les deux femmes ont dévoilé ce que leurs livres leur ont apportés. Annick Cojean parle de merveilleuses rencontres, enrichissantes et inspirantes pour « toutes les femmes mais aussi pour les hommes ». Clara Beaudoux voit son livre comme le résultat d’un projet « spontané », qui s’est construit au fil des découvertes et des tweets des internautes. Un projet qui plonge au coeur de la vie d’une femme au XXe siècle.


CE QU’ELLES ONT DIT

Clara Beaudoux« J’ai eu le filleul de cette dame au téléphone. Il avait mandaté une entreprise pour débarrasser la cave mais ils ne l’ont jamais fait. J’ai donc commencé à ouvrir des boîtes, des cartons. Ensuite, j’ai dévoilé un par un les objets que j’ai trouvés sur Twitter. Je me suis petit à petit attachée à Madeleine. J’ai rencontré les voisins et les gens qui la connaissaient. Les objets de la cave m’ont même envoyé vers des lieux extérieurs. Par exemple, à partir de photos de classe, j’ai supposé qu’elle devait être institutrice. J’ai retrouvé ses anciens élèves. Cette démarche m’a amené jusqu’en Hollande ! J’ai découvert qu’elle avait des correspondants étrangers là-bas. J’ai rencontré les enfants de ces correspondants. Ils l’appelaient « tante Madeleine ». »

Annick Cojean : « Avant chaque interview, j’étais anxieuse. J’appréhendais qu’il ne se passe pas quelque chose entre nous, que l’interviewée ne se sente pas en confiance. Par exemple pour Patti Smith, je savais que j’avais peu de temps avec elle. Elle était en tournée de promotion, il y avait eu huit journalistes avant moi qui l’avaient interviewée. Finalement, on a parlé de deuil, de la mort. C’était merveilleux ! On se confiait, on s’interrogeait.

Clara Beaudoux : « Madeleine Project, c’est un projet très spontané. Je me suis dit que j’allais lancer ce petit récit sur Twitter. Au départ, c’était surtout pour mes amis. Mais j’étais déjà suivie par des journalistes alors le projet a fait le buzz. C’est le hasard qui a joué. »

Annick Cojean : « Ces femmes sont toutes droites, elles sont engagées, elles vont jusqu’au bout. Mon regard est féministe. Je pense qu’il est plus que jamais important de donner longuement la parole aux femmes. »


À RETENIR

Dans cette conférence, elles dévoilent les coulisses de l’écriture de leurs livres : leurs craintes, leurs défis, leurs moments de joie. La question de l’intimité a été notamment interrogée : jusqu’où aller dans le dévoilement d’une personnalité et d’une vie ? Comment décrire des parcours si riches et tumultueux ? Quelle posture adopter ? Traiter les femmes avec bienveillance et respect, voilà le leitmotiv commun de ces deux démarches, qui semblent différentes sur la forme mais qui se rejoignent sur le fond. 

Tiffany Fillon