Retrouvez l’essentiel de la conférence « Infomédiaires et médias : quel partage de la valeur ? ».

Philippe Colombet a tenté d'expliquer que malgré l'importance de Google News, les médias n'en sont pas dépendants. Crédit photo : Simon Bolle

Pour Philippe Colombet (à gauche), il n’y a pas de dépendance à Google News. (Photo: Simon Bolle)

Avec Philippe Colombet (directeur de Google Actualités et Livres), Clara Schmelck (journaliste Intégrales mag), Nikos Smyrnaios (professeur Université de Toulouse), Sébastien Soriano (président de l’Arcep). Animé par Jean-Marie Charon (chercheur associé à l’EHESS et président de la CNMJ) et Agnès Chauveau (déléguée à la stratégie éditoriale et éducative de l’INA).

ENJEUX

Avec l’essor du numérique, des acteurs intermédiaires apparaissent dans la transmission de l’information : on les appelle les infomédiaires. Google et Facebook sont les plus importants. Ils proposent des partenariats et réutilisent les informations produites par les journalistes. De quoi se demander s’ils ne sont pas finalement des concurrents, et s’ils n’abaissent pas la valeur de l’information.

CE QU’ILS ONT DIT

Sébastien Soriano : « Ce qui arrive aujourd’hui à l’information, c’est la transformation numérique. Il y a de nouveaux acteurs, les infomédiaires, où se rencontrent l’offre et la demande. Et la puissance de ces acteurs est nouvelle. Ils créent un lien très fort avec les consommateurs, les utilisateurs. »

Nikos Smyrnaios : « L’information n’a pas qu’une valeur économique : elle a une valeur politique et sociale. Elle permet de comprendre le monde. C’est donc une bonne nouvelle que les acteurs reconnaissent la valeur du travail journalistique et le fait qu’ils ont besoin d’un journalisme de qualité. Mais c’est aussi une mauvaise nouvelle pour les éditeurs qui doivent faire face à un oligopole national, qui contrôle la quasi totalité des canaux d’information numérique. Google et Facebook contrôlent 70% d’entre eux. »

Clara Schmelck : « L’essentiel des relations que l’on a avec nos lecteurs se fait via les réseaux sociaux que sont Facebook, Twitter et Google. 80% de notre trafic provient d’eux, c’est considérable. Notre site s’est construit grâce à eux, ce qui n’est pas le cas des grands médias puisqu’ils sont historiquement réputés et n’ont pas besoin de ça autant que nous. »

Philippe Colombet : « L’accès direct aux sites des médias continue d’être un moyen privilégié. Surtout pour les grandes marques. Les gens continuent de taper lemonde.fr ou libération.fr dans leur barre d’adresse. Au fond, les infomédiaires ont bien sûr un rôle, mais ils n’empêchent pas la consultation directe de prospérer. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

Les infomédiaires ne sont pas forcément négatifs : ils apportent aussi beaucoup pour le développement de certains sites. Mais il est difficile pour les médias de tous les comprendre et de réussir à adapter leurs contenus pour les satisfaire. L’évolution des critères de Google News, par exemple, favorise les gros médias à cause du critère d’exhaustivité, qui met de côté des sites spécialisés. D’autres critères restent inconnus des médias et certains ont toujours du mal à se faire une place dans ces infomédiaires où il est difficile de se faire une place.

Robin WATTRAINT