Retrouvez l’essentiel de la conférence «Comment lutter contre les théories du complot ? »

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De gauche à droite : Daniel Schneidermann, Agathe André, Luc Hermann, Thomas Huchon. (Photo: R. Dimitrova)

Avec Agathe André, journaliste à Charlie Hebdo et présidente de Dessinez, Créez, Liberté ; Daniel Schneidermann, fondateur d’@rrêt sur images ; Luc Hermann, journaliste et producteur à Premières Lignes ; Thomas Huchon, réalisateur de #conspihunter, Spicee. Animé par Emmanuel Daviet, chef du service Société de France Inter.

LES ENJEUX

Les discours conspirationnistes revêtent la plupart du temps un aspect rationnel pour paraître plausibles. Aujourd’hui, une part non négligeable du grand public peut se montrer séduite par les théories du complot, notamment chez les jeunes, alors qu’avant il ne s’agissait que de minorités.

Les jeunes qui y croient n’ont pas forcément les armes culturelles pour lutter, d’autant que la diffusion de ces théories à large échelle est rendue possible par le web et les réseaux sociaux.

CE QU’ILS ONT DIT

Agathe André : « Les théories du complot mettent en danger la démocratie en ce qu’elles font douter de l’honnêteté des gouvernements. Or, le doute est insupportable pour l’esprit humain. »

Daniel Schneidermann : « Les théories du complot sont nées de l’affaiblissement du travail journalistique. Excepté Cash Investigations, l’enquête n’existe plus. Le terrain est en train d’être abandonné. »

Luc Hermann : « Il y a une défiance à l’égard des médias officiels. »

Thomas Huchon : « La fin de l’idéologie socialiste a créé un ressentiment qui fait qu’il est plus facile de croire aux théories du complot. La négation de la réalité n’est pas dans les propos des conspirationnistes, elle est dans l’esprit de ceux qui les lisent. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

Les jeunes ne croient ni n’adhèrent à des thèses complotistes. Ils s’attachent à des détails qu’ils ne comprennent pas et qui, si on les leur explique, leur apparaissent dans leur pleine réalité. Pour démonter une théorie du complot, le rire peut servir. Datagueule exploite cela.

Le phénomène conspirationniste est dû à une superposition de facteurs. Internet en est le premier stade, mais la défiance à l’égard de l’Etat et des médias officiels en sont les raisons sous-jacentes.

Une étude du sociologue Gérald Bronner a montré que les théories du complot essaiment dans toutes les couches de la société, pas seulement parmi les plus défavorisés.

En étant plus actifs que les médias traditionnels sur le web, les conspirationnistes les ont décrédibilisés. La seule manière de lutter est d’équiper les cerveaux. C’est la tâche à laquelle se sont attelés le Clemi et le ministère de l’Education nationale en expliquant aux élèves le monde médiatique.

Sara GUILLAUME