Découvrez l’essentiel de la conférence « Vers des rédactions ouvertes ? Blogs de journalistes et réseaux sociaux ».

Les intervenants ont surtout souligné l’intérêt de Twitter pour la profession de journaliste. Photo : Martin Esposito

 

Animé par Jean-Marie Charon, chercheur associé à l’EHESS et président de la CNMJ, Jean-Sébastien Barbeau, doctorant au Centre d’Analyse et de Recherche Interdisplinaires sur les Médias (CARISM), Mélissa Bounoua, journaliste et rédactrice en chef à Slate.fr, Clara Schmelck, rédactrice en chef adjointe à Intégrale et Jonathan Hauvel, rédacteur en chef adjoint du Bruxelles Bondy Blog.

LES ENJEUX

Les blogs de journalistes se sont multipliés dans les années 2000. Dans la décennie suivante, les journalistes ont investi les réseaux sociaux d’abord sur un mode personnel, puis en tant que journalistes. Quelle place prend cet exercice singulier du journaliste au côté ou au sein des rédactions ? Quelle place occupent aujourd’hui les réseaux sociaux dans le journalisme ?

 

CE QU’ILS ONT DIT

Jean-Sébastien Barbeau : « Le blog en 2017 est un outil d’indépendance pour les journalistes, même si c’est à relativiser. Le blog supprime en totalité ou en partie la chaîne de production. Le journaliste est tout à la fois : rédacteur, secrétaire de rédaction, rédacteur en chef. Jamais les journalistes n’ont occupé autant de rôles et de fonctions. Ils ont le sentiment que plus personne ne regarde au-dessus de leur épaule. »

Mélissa Bounoua : « Le blog est la meilleure manière d’apprendre à développer une ligne éditoriale. C’est aussi le cas des réseaux : on peut éditorialiser des tweets et des posts sur Facebook. Bien sûr, cet exercice est additionnel aux médias mais c’est important que les médias soient présents sur ce créneau. Aujourd’hui, c’est une source d’information à part entière. Certains vont même jusqu’à dire que Twitter est un nouveau fil d’agence de presse. »

Clara Schmelck : « Quand j’étais à l’Ecole Normale Supérieure, on m’a toujours habituée à une écriture universitaire. Avec Twitter j’ai découvert l’écriture en 140 caractères. C’est un outil pour journalistes et apprentis journalistes également. C’est un complément essentiel dans les écoles de journalisme pour apprendre à écrire bref, à synthétiser sa pensée. C’est aussi une forme d’outil démocratique. L’avenir de Twitter est à mon sens d’être un outil beaucoup plus éditorial, d’avoir une identité plus forte. » 

Jonathan Hauvel : « Au Bondy Blog à Bruxelles, nous travaillons avec des étudiants. Ce qui est intéressant, c’est de remarquer qu’aujourd’hui, ils sont beaucoup à utiliser Twitter sans voir toutes les possibilités que ça offre. Prenons un exemple. Quand je parle aux étudiants de la veille journalistique et que je leur demande qui connaît l’outil Tweet Deck, il sont peu nombreux à lever la main. Par ailleurs, ce n’est plus seulement le média qui parle mais le citoyen, le journaliste. A mon sens, cette personnalisation est importante pour les jeunes. »

À RETENIR

Les blogs et les réseaux sociaux amènent les journalistes à réfléchir à de nouvelles formes d’écriture et les obligent à synthétiser leurs idées, à s’adapter. Twitter, en particulier, instaure une vraie proximité. Le journaliste tweete en son nom, et crée une relation privilégiée avec son lecteur, qui peut interagir avec lui. La proximité et la liberté d’expression offertes par le réseau social sécrètent aussi leurs effets pervers et peuvent mener à des critiques virulentes en direct.

Léna Soudre