Un comité d’éthique des médias d’information en France_Cred Laurent Théoret

(Photo : Laurent Théoret)

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Un comité d’éthique des médias d’information en France ? »

Animé par Loïc Hervouet, ancien directeur de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ) et ex-médiateur de RFI ; avec Patrick Eveno, président de l’Observatoire de la déontologie de l’information ; Emmanuel Hoog, ancien PDG de l’INA et de l’AFP, chargé de mission sur la création d’un conseil de déontologie de la presse ; Michèle Leridon, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et Vincent Lanier, premier secrétaire général du SNJ.

LES ENJEUX

Faut-il mettre en place un tribunal des médias ? La France est-elle en retard par rapport à ses voisins européens ? L’idée d’un conseil de presse qui garantirait la liberté du journalisme et la déontologie des pratiques resurgit peu à peu. S’il est évident que garantir l’indépendance et laisser leur marge de manœuvre aux médias français est primordial, le contexte de défiance vis-à-vis de la presse amène à réfléchir sérieusement à l’éventualité d’un conseil de presse. L’instance de régulation qui existe déjà dans 21 pays démocratiques de l’Union Européenne travaille en étroite collaboration avec les CSA locaux. Si certains y voient l’occasion de s’interroger sur la profession, d’autres craignent une forme de censure de la presse.

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CE QU’ILS ONT DIT

Patrick Eveno : « Une société démocratique a besoin d’outils pour fonctionner correctement. Il y a bien sûr la loi, mais il y a aussi le consensus. Dans une société autocratique ou dictatoriale un conseil de presse ne sert à rien. »

Emmanuel Hoog : « La problématique actuelle du manque de confiance, de la défiance et du sentiment de dérèglement du système, n’est-ce pas finalement le fait des plateformes et d’Internet ? Et est-ce vraiment le jeu de la presse classique qui fonctionne globalement bien ? »

Michèle Leridon : « C’est un peu prématuré de parler de l’articulation du rapport, d’autant plus qu’il n’est pas public pour le moment. De toute façon, même si le CSA se délestait de la déontologie de l’information, il reste en charge de tout l’audiovisuel, et parfois la limite entre les deux n’est pas si claire. Le CSA s’occupe du pluralisme, des temps de parole, des campagnes électorales, de la diversité… Et je n’imagine pas le CSA se délester de tout pouvoir sur ses contenus. »

Loïc Hervouet : « J’ai entendu quelqu’un demander quelle était la plus-value d’un conseil de presse. Mais quelqu’un sait-il quelle pourrait être la « moins-value » d’un conseil de presse ? »

Vincent Lanier : « Le premier ennemi de la déontologie ça reste la précarité de la profession, la dégradation des conditions de travail, les pratiques de certains employeurs, la problématique de la concentration des médias… Tout ça est indissociable, plus encore aujourd’hui. On a toujours eu cette nécessite de travailler sur l’éthique. »

À RETENIR

De vifs échanges ont eu lieu entre l’auditoire, intéressé, et les cinq intervenants. Beaucoup de journalistes craignent les potentiels débordements d’un conseil de presse, des formes de représailles contre les enquêteurs notamment. Loïc Hervouet regrette d’ailleurs la passivité des membres du public qui n’appartiennent pas, de près ou de loin, à la profession. « Est-ce que quelqu’un qui n’est pas journaliste, qui n’est pas syndicaliste, qui n’est pas éditeur, voudrait poser une question ? » Il en ressort l’impression générale d’un sujet fourni et vaste, face à une assemblée divisée et confuse. Le conseil de presse à encore un public à séduire.

Eléa Chevillard