« Les Mooc, illusion ou vraie formation? ». Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Les Mooc, illusion ou vraie formation? »

Animé par Loïc Hervouet (journaliste et formateur ONG Africamedias) avec Benoit Califano (directeur de l’ESJ Pro Montpellier) et David Hivet (directeur Méditérranée – Asie – CFI, agence française de développement médias). 

LES ENJEUX 

Les Massive Oline Open Course (Mooc) sont des cours en ligne gratuits. Aujourd’hui, 65% des salariés britanniques ont bénéficié d’un cours en ligne. C’est deux fois plus qu’en France. L’idée est donc de développer plus massivement ces cours en ligne en France. Mais les Mooc sont-ils vraiment la bonne solution ? Ne faudrait pas-il pas trouver une voie plus interactive et moins verticale?

CE QU’ILS ONT DIT 

David Hivet : « Sur un des Mooc que nous avons organisé, 2000 personnes se sont inscrites. À peine 6% sont allés jusqu’au bout. Dans des pays du monde arabe où d’Afrique subsaharienne, il est de plus en plus difficile d’organiser des formations ou d’envoyer des formateurs. La sécurité commence sérieusement à nous poser problème. La Francophonie est une vraie réalité en Afrique subsaharienne et en Algérie. Ça l’est un peu moins au Maroc et en Tunisie où la plupart des médias sont arabophones. Pour élargir notre vision du métier, il faut donc travailler dans d’autres langues pour toucher un plus grand public. C’est d’ailleurs le gros avantage des Mooc, on peut faire traduire nos cours assez facilement. Il y a quand même un problème économique : dans une université, fabriquer un Mooc coûte entre 15 et 100 000 euros. Qui peut aujourd’hui mettre de l’argent pour financer des Mooc ? Aujourd’hui, pas grand monde. Adapter les contenus en fonction des pays a également un coût. Autre alternative intéressante : un cours d’amphithéâtre en live où les élèves peuvent chatter avec le professeur. »

Benoit Califano : « Au début, il y avait une grande fascination des journalistes pour ce qu’on pouvait faire avec les Mooc. Mais en y regardant de plus près, on s’est rendu compte qu’il y avait moyen de développer des choses plus performantes que les Mooc. On se demande si c’est vraiment utile pour les jeunes journalistes qui courent de formation en formation. On veut former sur le long-terme pour avoir une véritable logique d’accompagnement. Les journalistes qu’on suivait souffraient de longues formations théoriques et universitaires. Il leur manquait le pratique. Et je ne pense pas que le Mooc puisse combler ce manque. Aujourd’hui, les journalistes passent leur temps à changer d’outil. Ils font découvrir un outil qui leur plaît beaucoup mais vont changer au bout de six mois car il sera obsolète. C’est ça aussi la difficulté. Il faut sans cesse s’adapter et se renouveler. Mais les non-journalistes peuvent aussi être intéressés par ces formations. En effet, dans le contexte de défiance qui règne actuellement sur le monde journalistique, créer un nouveau rapport avec le public et donner plus de transparence sur le fonctionnement de notre métier serait aussi nécessaire. »

À RETENIR

Des projets de repérages sont nécessaires pour que les gens puissent s’appuyer dessus. Les journalistes peuvent aussi monter leur propre cours en ligne, en passant par d’autres plateformes comme Youtube, par exemple. Il serait utile de favoriser une logique de partage d’intérêts, un partage de bonnes pratiques et freiner la logique verticale qui prévaut actuellement. Les jeunes constatent qu’avoir un diplôme non-local peut leur être bénéfique, cela leur donne plus de crédibilité. C’est l’un des seuls avantages de cette course au diploming que l’on retrouve avec les Mooc. Comme le questionne une personne dans l’insistance : « Est-ce qu’il n’y a pas au fond l’illusion d’une mine d’or par le biais des Mooc avec seulement très peu de personnes qui réussissent à la fin ? ». La question reste en suspens.

Pablo Menguy