Retrouvez l’essentiel de la conférence : « Quel libre-arbitre face aux algorithmes ? ».

Pour Dominique Cardon, un algorithme c’est comme une recette de cuisine. Les données entrées sont les ingrédients et la suite des instructions c’est la recette. Pour avoir des résultats, il vaut mieux séparer les blancs des jaunes. Photo : Lucie Martin

 

Animé par Thierry Keller, directeur de la rédaction d’Usbek et Rica. Avec Dominique Cardon, sociologue, Médialab de Sciences Po, Alexandre Léchenet, journaliste-entrepreneur, Sylvain Parasie, maître de conférences en sociologie, directeur du Master Communication des Entreprises et Médias Sociaux, Université de Marne-la-Vallée et Benoît Raphaël expert en innovation média, et éleveur de robot.

LES ENJEUX

Aujourd’hui la question se pose de l’influence des algorithmes sur notre consommation de l’information. Ces systèmes informatiques dictent nos parcours numériques. Quels sont les moyens pour qu’ils n’influent pas notre libre arbitre et nous enferment dans des mondes d’information prédéfinis ?

CE QU’ILS ONT DIT

Dominique Cardon : « Qu’est-ce qu’un algorithme ? Aujourd’hui ce mot connaît un succès qui le dépasse. Tout comme les journalistes, les algorithmes filtrent et organisent les informations dans l’espace public. Mais ils ne raisonnent pas pareil. Les algorithmes ne sont pas substantiels, c’est-à-dire qu’ils ne référencent pas les articles selon leur contenu mais selon des mots clés ou encore le nombre de like… Ce sont des indices externes à l’information en elle-même. Le réglage que les entreprises, comme Facebook, donnent aux algorithmes c’est la pertinence. L’algorithme mesure alors ce qu’on a le plus l’habitude de faire ou de lire et ensuite il nous le repropose. C’est à nous de choisir ou pas. Donc c’est nous qui avons la plus grande responsabilité. »

Benoît Raphaël : « Nous sommes en train de travailler sur des robots assez spéciaux. Ils envoient des liens personnalisés. Leur objectif est de nous cerner et de nous emmener vers des contenus plus intéressants mais aussi de nous surprendre pour nous faire sortir des chemins de lecture imposés par les algorithmes. C’est surtout ça le pari. »

Alexandre Léchenet : « En tant que journalistes, il faut que nous soyons bien au point lorsque l’on utilise les algorithmes. En effet, Facebook, Google ou encore Instagram censurent des travaux pour des raisons diverses et variées. Certains contenus sont supprimés et d’autres ne sont même pas remontés dans les fils d’actualité. Donc il faut acquérir une expertise pour plaire à ces algorithmes. Et nous journalistes nous y parvenons. Par exemple, nous adaptons les titres pour que l’article soit mieux reconnu par les algorithmes. C’est un moyen de les contourner. »

Sylvain Parasie : « Il faut construire du lien entre le monde journalistique et ceux qui élaborent les algorithmes. »

À RETENIR

Aujourd’hui, la place des algorithmes dans le monde de l’information est bien réelle. Ces machines ne référencent pas les articles selon leur contenu mais grâce à des indices purement visuels ou factuels. Cela occulte une partie des productions journalistiques et en surexpose d’autres. Mais leur influence reste à nuancer. De plus en plus les journalistes apprennent à se servir de ces systèmes. Ils détournent les codes et acquièrent des connaissances en référencement.

Naïla Derroisné