Présentation de trois initiatives médias/Quartiers populaires_Cred Laurent Théoret

(Photo : Laurent Théoret)

Retrouvez l’essentiel de la conférence: «Présentation de trois initiatives médias / quartiers populaires»

Animé par Latifa Oulkhouir, directrice du Bondy Blog, avec Éric Briat, adjoint du directeur de la ville et de la cohésion urbaine au CGET ; Driss Ettazaoui, président de Villes & Banlieues ; Maxime Daridan, journaliste à BFM TV ; Erwan Ruty, directeur du Medialab93 et fondateur de Presse & Cité ; Guillaume Villemot, cofondateur de Bleu Blanc Zèbre.  

LES ENJEUX

«Les quartiers populaires sont médiatisés pour évoquer l’hyperéchec de 2 à 3 % de ses habitants et l’hyperréussite de 2 à 3 % des habitants», déplore Driss Ettazaoui, président d’association. Depuis des décennies, des relations complexes unissent indiscutablement les banlieues et les médias. Il est reproché au 4e pouvoir d’alimenter l’image négative qu’ont les quartiers populaires auprès de l’opinion publique. Plusieurs initiatives tentent d’y remédier. L’objectif : donner plus de visibilité à ces territoires et refléter davantage la réalité.

CE QU’ILS ONT DIT

Erwan Ruty : «En tant que corps en crise, les médias ont tendance à se rétracter sur leurs fondamentaux en parlant au même public. Pourtant, on a vu un grand nombre d’initiatives naître dans les quartiers populaires, mais elles se sont retrouvées face à un plafond de verre.»

«Pour des raisons psychologique, le public s’intéresse d’abord à ce qui est trash, à ce qui est faux même. Une voiture qui crame aura toujours plus d’audience qu’un sociologue qui explique pourquoi la voiture a cramé.»

Maxime Daridan : «Récemment, nous avons effectué un travail rétrospectif à BFM TV et nous avons découvert que la chaîne de notre groupe qui traite le plus des quartiers, c’est BFM Business. Par ailleurs, il y a un investissement qui est plus important sur ces territoires que sur le reste des territoires français et pourtant on ne parle pas des résultats ni de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas pour savoir comment améliorer les choses.»

Guillaume Villemot : «Aujourd’hui, beaucoup de médias dans les quartiers fonctionnent sur le modèle associatif et les médias traditionnels ont sur eux un regard condescendant. Il faut que les rédactions s’emparent des sujets. Je crois que si on veut réellement faire changer le phénomène de l’image des quartiers, il faut une démarche qui soit un poil différente de ce qui a pu exister jusqu’à présent.» 

«Il faut qu’on passe du sensationnel à l’essentiel et que les récits émanent de personnes des quartiers.»

Driss Ettazaoui : «Les habitants des quartiers ne se reconnaissent pas du tout dans la majorité des reportages. Une politique de la ville existe pour donner plus aux territoires qui ont moins. Mais tant qu’on n’a pas rénové le regard, tout ça sera perdu. On jette la dignité de 5,5 millions de nos concitoyens aux chiens, sur des épiphénomènes.»

Éric Briat : «Les quartiers ont une très grande richesse au niveau de la vie sociale. Ce ne sont pas des lieux anomiques ni des endroits où il ne se passe rien.»

A RETENIR

Guillaume Villemot lance un projet d’agences de presse, dont une basée à Fort-de-France, soulignant l’importance de travailler avec l’outre-mer. D’ici fin 2019, quinze agences seront déployées sur le territoire et 250 jeunes seront formés. À BFMTV, Maxime Daridan porte un projet de construction d’un annuaire d’interlocuteurs, en collaboration avec le CSA. L’idée est d’associer l’ensemble des rédactions qui le souhaitent, afin d’améliorer la représentativité des quartiers prioritaires. Pour poursuivre les échanges,  la ville d’Évreux organise une journée-débat sur l’image des quartiers le 22 mars prochain.

Melena HELIAS