« « Parlons info » avec les journalistes de Radio France »

(Photo : Mélina Rivière)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « « Parlons info » avec les journalistes de Radio France »

Animé par Eric Valmir, secrétaire général de l’information à Radio France, avec Frédéric Carbonne, présentateur du 21/Minuit de FranceInfo ; Philippe Collin, producteur de l’oeil du tigre sur France Inter ; Pierre Haski, géopolitique sur France Inter ; Marie-Ange Lescure, journaliste France Bleu Touraine et Fabienne Sintes, productrice du 18/20 FranceInter.

LES ENJEUX

Les journalistes et producteurs de Radio France se sont engagés dans un tour de France afin de rencontrer tous les publics et de proposer un dialogue ouvert à tous. Il ne s’agit pas de débattre entre journaliste mais de laisser la parole à la salle pour répondre à toutes les questions qui se posent sur le traitement de l’information, les choix éditoriaux, les écritures, les fake news, la pratique du journalisme.

CE QU’ILS ONT DIT 

Éric Valmir : « Je n’ai pas compris pourquoi pour la première fois nous avons dû faire une demande de protection rapprochée. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. On peut discute mais la violence est inacceptable »

«  Tous les journalistes sont partie prenante pour participer à ce genre d’événement. Ils prennent de leur temps libre pour cela. Certes on est dans un climat de défiance mais c’est la confiance qui unit Radio France et ses auditeurs. C’est ça le service public, le contribuable qui paye l’impôt c’est le public, on n’est pas au service du gouvernement. »

Frédéric Carbonne : « La crise de défiance ne date pas d’il y a quelques semaines. Cela fait des années que cette question existe. » 

« On est des passeurs, des intermédiaires. Notre boulot de journalistes est de croiser les regards, les chemins. On le fait de la façon la plus honnête pour éclairer le citoyen. »

« Il n’y a pas de pression d’audimat. Il y a une exigence de produire une information qui intéresse le plus de monde. »

Pierre Haski  : « La confiance en les journalistes baisse depuis 20-25 ans, depuis la création du baromètre de La Croix en réalité. »

« Ma pratique de Facebook fait apparaître uniquement des gens qui pensent comme moi. »

« On n’est plus dans une situation de monopole. Une information ne sort pas ici, elle sortira par ailleurs. On ne peut plus retenir l’information aujourd’hui. Il y a une telle diversité de sources. » 

Fabienne Sintes : « On est tous des monstres de doute sur ce que l’on fait : est-ce que c’est le bon invité? Le bon moment?  Est-ce que ça a bien fonctionné ? Comment les gens ont réagi? Évidemment qu’on écoute, qu’on lit , qu’on regarde comment c’est perçu. »

« J’essaie de maitriser cette fameuse Tweet Line pour qu’au moins à mon niveau on ne soit pas dans la charpie de l’énervement/violence. Je ne fais pas depuis longtemps, j’ai eu une bouffé d’énervement. On ne laisse pas les gens dire n’importe quoi. Je pense que c’est important de le faire. »

Philippe Collin : « Ça me semble être le symptôme d’une société qui ne redistribue pas. La parole, la richesse. C’est pour cela que les journalistes ont pu être accusés de collision. » 

« Nous avons un métier qui est précieux car on essaie d’apporter un peu de mesure. Je me bats pour cela. » 

Marie-Ange Lescure : « Il y a eu deux temps. Nous sommes allées sur le terrain, on a passé beaucoup de temps discuter avec les gens, ils étaient heureux de pouvoir s’exprimer et faire part de leur situation. Au fur et à mesure, nos relations ont changé. Ce qui était courtois, sympathique et respectueux au début s’est tendu. On sent bien qu’il y a quelque chose qui a changé entre nous et nos auditeurs sur le terrain. Mais l’on n’est pas encore sur un climat de défiance. Parce que l’on est France Bleu Touraine. »

« L’audience numérique est devenue très importante. On sait que France Bleu Touraine, c’est un million de visites par mois. Ça pèse plus lourd dans les conversations actuelles que l’audimat. » 

« Simplement parce que l’on ne veut pas servir de socle à la haine, à la boue, à la connerie, on ne va pas publier certains article sur les réseaux sociaux. (…) Ça ne fait pas avancer le débat et ça donne une image déformée de ce que l’on a voulu dire. On laisse l’article sur notre site web. (…) Mais il n’y a pas de censure, ni d’auto-censure. » 

À RETENIR

Ce moment d’échange semblait nécessaire dans un tel climat de défiance envers les journalistes. Cela, les journalistes et producteurs de Radio France l’ont bien compris. Eric Valmir a d’ailleurs rappelé l’importance de comprendre les mécanismes du métier, même en dehors des moments de crise. Les invités ont répondu aux questions du public sans filtre, reconnaissant les erreurs qu’ils avaient pu faire, confrontés aux exigences, toujours plus fortes, qu’impose leur travail. « Nous ne sommes pas venus pour nous défendre mais pour échanger avec les auditeurs » a précisé Frédéric Carbonne.

Chloé LIFANTE