Lutter contre les fake news

Lutter contre les fake news, quelles propositions ? Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Lutter contre les fake news, quelles propositions ? »

Animé par Clara-Doïna Schmelk, rédactrice en chef d’Intégrales, avec Jean-Bernard Schmidt, vice-président de Spicee, Davina Frau-Meigs, membre du groupe d’experts sur les fake news de la Commission européenne, Vincent Lanier, premier secrétaire national du SNJ et Edouard Perrin, journaliste et président du collectif Informer n’est pas un délit.

LES ENJEUX

Chaque information repérée sur un réseau social doit désormais faire l’objet d’une vigilance digne d’un doute cartésien. Seulement, pour un public qui n’a pas forcément l’outil ou la vigilance nécessaire, quelles pourraient être les solutions proposées par les institutions ou les rédactions ? C’est l’objet de la conférence de ce jeudi matin.

CE QU’ILS ONT DIT

Jean-Bernard Schmidt : « Il y a une différence entre les anciennes fausses informations, les rumeurs, les montages, les chaines de mails, et celles d’aujourd’hui. C’est qu’il y a la volonté de créer des nouvelles : on va créer des éditoriaux, des reportages, de la photo… La différence, c’est qu’Internet est un média d’adhésion, d’autant que les fausses informations sont souvent plus séduisantes. Il faut se poser la question de savoir qui va gagner de l’argent avec ça, il faut placer des gens devant leurs responsabilités. La loi sur l’information est un problème : on peut toujours craindre un problème de censure et je pense que cela sera inopérant. Cela a tout de même la vertu de poser ce débat sur la place publique et ça pose la responsabilité des plateformes, qui n’ont que dix ans. Cela pose surtout la question de l’Education aux médias, qui doit être plus introduite à l’école. »

Divina Frau-Meigs : « À la Commission européenne, on a voulu jouer le rôle de l’autorégulation. On va créer dans les cinq prochains mois un code de bonnes pratiques, parmi lesquelles un code de transparence. L’année prochaine, l’Union pourra prendre des sanctions, en mettant les plateformes dans la boucle. Facebook est le plus grand fournisseur de fake news de la planète. Les créateurs de GAFA ont voulu libérer l’info. Pour que les choses bougent, il faut que les politiques se sentent menacés, menaçons-les ! Au sujet de l’Education aux médias, ça ne peut pas être les journalistes qui s’en occupent. Les résultats de recherche ne sont pas bons, cela devient du branding ! L’éducation aux médias doit être reconnue par l’OCDE dans les enquêtes Pisa de comparaison entre les pays, sinon les Etats ne bougent pas. »

Vincent Lanier : « En se penchant sur les origines et les archives du SNJ, on a vu que la problématique des fake news était déjà prégnante auparavant, avec la censure, la propagande… C’est pour ça qu’un groupe de journalistes s’est organisé en syndicat, d’où l’adoption d’une charte d’éthique. Je pense qu’il y a aujourd’hui une sur-information sur ce sujet. La loi sur les fake news est un premier pas, mais derrière, il y aura quoi ? On va vers la censure. »

Edouard Perrin : « Il y a un problème d’humilité. Il faut être conscient des enjeux et des menaces. On a du mal à comprendre la force des outils dont disposent les acteurs. Par exemple, après la tuerie dans un lycée en Floride, des gens ont parodié des comptes Twitter de journalistes locaux pour les ridiculiser, et ils ont été totalement décrédibilisés ! Sur la loi des fake news, on a été auditionnés par le ministère de la Culture qui va être renommée « loi sur la confiance en l’information ». Le projet, c’est de devoir préciser quand un contenu est sponsorisé, par qui et par quel montent, cela serait circonscrit à la période électorale de cinq semaines. Cela devrait être une obligation constante.»

À RETENIR

Les propositions pour la lutte contre les fausses informations ne sont pas légion. Beaucoup d’espoirs sont portés en l’Education aux médias, qui doit devenir un pare-feu à d’éventuelles ingérences lors des élections. La Commission européenne semble décidée à agir sur ce sujet et à éventuellement sanctionner les plateformes, comme Facebook ou Twitter, qui ne coopéreraient pas.

 

Théophile Pedrola