Découvrez l’essentiel de la conférence « L’information de proximité dans dix ans ».

D’après les intervenants, les médias doivent s’adapter aux publics. Photo : Lucie Martin

 

Animé par Romain Hugon, Union des clubs de la presse de France et Francophones (UCP2F) et Marie-Christine Lipani-Vaissade, chercheuse en journalisme, directrice adjointe de l’Institut du journalisme Bordeaux Aquitaine – IJBA. Avec Thierry Borde, animateur et fondateur du réseau Médias citoyens et conseiller du syndicat national des radios libres (SNRL) ; Paul-Alexis Bernard, manager digital éditorial groupe Centre France ; Thierry Guillemot, directeur de TV7 Aquitaine ; Emmanuelle Pavillon, directrice départementale de La Nouvelle République ; Didier Vachon, directeur de l’information, France Bleu.

LES ENJEUX

Aujourd’hui, les besoins d’information des populations sont-ils toujours les mêmes ? Comment les lecteurs font usage des médias ? Quel(s) lien(s) entre les publics et les usagers ? Comment s’adapter à la demande du lecteur ?

 

CE QU’ILS ONT DIT

Marie-Christine Lipani-Vaissade: « Les publics ont les mêmes outils que les journalistes pour produire de l’information aujourd’hui et ne veulent plus être tenus à l’écart. La spécificité des médias locaux, c’est de recréer du lien social. »

Paul-Alexis Bernard : « Les médias professionnels locaux restent des références pour les gens. Nous essayons de nous rapprocher de nos publics pour entretenir ce lien. Nous sommes proches physiquement de nos lecteurs car nous vivons au même endroit que nos lecteurs. Je croise de plus en plus de lecteurs qui me disent que leur première source d’information est Facebook. C’est une vérité et il faut s’y adapter. Pendant la présidentielle, nous avons décidé de donner la parole aux électeurs. »

Thierry Guillemot : « La profession de journaliste s’est diluée. Le journalisme est devenu un métier de combat. La question essentielle est celle du modèle économique. Dans dix ans, comment pourrions-nous avoir de la ressource pour payer des journalistes ? Comment allons-nous pouvoir payer des émetteurs pour distribuer les journaux ? Aujourd’hui, on ne sait plus vendre les journaux. » 

Didier Vachon : « C’est le média local qui coupe court aux rumeurs. Notre plus-value, c’est la vérification de l’information quitte à ne pas donner l’information en premier. Nous essayons de diversifier notre audience grâce aux réseaux sociaux. Dans dix ans, on aura inventé des choses que je n’imagine même pas aujourd’hui mais ce qui restera c’est la fiabilité de l’information et le rapport de proximité. »

Emmanuelle Pavillon : « Malgré les évolutions numériques, la Nouvelle République a augmenté son lectorat. Aujourd’hui les internautes sont plus âgés aussi. C’est encore le papier qui fait vivre le web. Quand il y a une information locale importante, le site internet a beaucoup d’affluence. »

À RETENIR

Globalement, les grands acteurs de l’information de proximité sont en situation de monopole. Quand une actualité forte surgit, les populations ont encore le réflexe d’acheter la presse quotidienne régionale ou se rendent sur leur site internet. Mais, au quotidien, les médias peinent à renouveler une audience vieillissante. Le virage du numérique des rédactions ne correspond pas toujours aux attentes des publics. Des publics qui s’informent de plus en plus par les réseaux sociaux sans être prêts à payer l’information. De nombreux concurrents numériques essaiment un peu partout en France sans parvenir à être rentables, ce qui pose de nombreuses questions sur le modèle économique à établir dans la décennie à venir.

Maxime Buchot