Retrouvez l’essentiel de la conférence « L’EMI, ce n’est pas qu’à l’école ! »

L’éducation aux médias est encore un vaste chantier. La conférence a été l’occasion de revenir sur les différents projets en cours, hors du cadre scolaire. Photo : Martin Esposito

 

Animé par Valérie ROHART, journaliste – Globe reporters, avec Thibault COECKELBERGHS, coordinateur GSARA (Belgique), Vincent PECHAUD, cofondateur de La Smalah et Jonathan VAUDEY, chargé de coordination et de développement Les Lucioles du Doc.

LES ENJEUX

On a trop tendance à limiter l’éducation à l’information au seul milieu scolaire, elle concerne pourtant bien d’autres publics. Les initiatives se multiplient dans les bibliothèques, les hôpitaux, les foyers jeunes travailleurs ou en milieu carcéral… Sortir du milieu scolaire permet de toucher plus de publics, et pas seulement les jeunes ou les enfants.

 

CE QU’ILS ONT DIT

Thibault Coeckelberghs : « Le fait de ne pas être à l’école, c’est un vrai avantage. Nous n’avons pas seulement une heure de cours pour mettre en œuvre un atelier. Nous pouvons aller plus loin. Les contraintes sont moins importantes quand on sort de l’école. Mais ça implique de se rendre visible, de montrer une caméra, un studio radio, de donner envie. Il faut se rendre dans toutes les maisons de quartiers, aller directement à la rencontre des publics. »

Vincent Pechaud : « On les met face aux émissions qu’ils regardent tous les jours, le JT avec leurs parents par exemple, ou face à YouTube, aux réseaux sociaux. Chez eux, ils peuvent tomber sur des fake news ou des théories du complot. Ensuite, les algorithmes font que ce type de vidéos, d’articles, viennent de plus en plus à eux. Ils peuvent avoir du mal à distinguer ce qui relève du vrai et du faux, et croire ces informations vraies au même titre que ce qu’ils voient sur les JT. Notre rôle, en les faisant participer, c’est de leur expliquer comment fonctionnent les algorithmes, l’information, YouTube, les réseaux sociaux… »

Jonathan Vaudey : « On essaie de co-construire des projets avec des personnes très critiques vis-à-vis des médias, que ce soit des jeunes, des moins jeunes. On les laisse choisir la thématique qu’ils ont envie de traiter. Notre dernier atelier a été la réalisation d’un documentaire avec des détenus à la maison d’arrêt de Fleury-Merogis. La plupart des membres du groupe avaient une télévision dans leur cellule. Ils rejetaient fortement les médias et en même temps, consommaient beaucoup la télévision comme il y a peu d’activités en prison. Ils étaient très au fait de l’actualité et avaient le sentiment, en tant que spectateurs, qu’on leur répétait toujours la même chose. Ils en sont ressortis encore plus critiques, mais en réalisant un produit journalistique, ils ont compris le fonctionnement de la machine médiatique, ce qui peut leur permettre ensuite de faire le tri. »

 

À RETENIR

Eduquer aux médias hors de l’école permet de passer plus de temps sur un projet, d’être moins contraint autant pour les responsables des ateliers que pour les publics et de toucher plus de personnes. La plupart des volontaires porte généralement un regard très critique sur les médias. L’idée est de leur donner des clés pour comprendre la machine médiatique et ainsi ce qu’ils reprochent aux médias, à travers la réalisation de produits journalistiques.

Léna Soudre