Journalisme utile, porteur de solutionsUn journalisme qui ne fait pas encore l’unanimité. Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Un journalisme utile, un journalisme de certification »

Animé par Louise Ekland, présentatrice de l’émission « On a la solution ! »  sur France 3 avec Damien Allemand, responsable digital du groupe Nice-Matin, Nina Fasciaux, ambassadrice en Europe et en France pour Solution journalism network, Meriem Oudghiri, secrétaire générale de la rédaction de l’Économiste (Maroc) et membre de l’Impact journalism day by Sparknews, Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d’espoir.

LES ENJEUX

Les journalistes font parfois du journalisme de solution sans le savoir. Pourtant cette tendance est parfois très critiquée au coeur des rédactions. Un journalisme bisounours ? Le journalisme de solution a pour but de contribuer à résoudre des problèmes de société. Comment est-il né ? Comment mesurer l’impact d’une initiative relayée dans les médias ? Existe-t-il des outils ? Faut-il former au journalisme de solution ? Comment convaincre les rédactions de son utilité ? Et finalement, quel est le rôle du journaliste ?

CE QU’ILS ONT DIT

Damien Allemand : « Le journalisme de solution, on l’a toujours fait sans en avoir conscience. C’est un journalisme qui a pour but de mettre en lumière des gens, qui dans leur coin, tentent quelque chose pour résoudre un problème. Ce sont des initiatives qui donnent du sens. Aujourd’hui, nous avons uniquement nos lecteurs pour en mesurer l’impact. La première source, c’est aussi les lecteurs. On les fait voter pour choisir l’enquête à traiter. C’est une manière de renouer le lien. Quand on a présenté le journalisme utile à la rédaction, très peu ont voulu nous suivre. On passe souvent pour un journalisme « de bisounours », mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas de la communication. »

Nina Fasciaux  : « Le journalisme de solution est une couverture rigoureuse et convaincante, une couverture qui met le doigt sur un problème et le met en lumière. Le journalisme de solution ne devrait pas être une tendance mais une pratique journalistique. Il y a une saturation de l’information négative et c’est à ce moment qu’il faut pousser les gens à l’action. Le lecteur s’approprie l’information à travers ce journalisme. On organise des ateliers pour les journalistes qui n’arrivent pas à convaincre leur direction. Le journalisme de solution, c’est une évolution et non pas une révolution. »

Meriem Oudghiri : « Journalisme de solution, ce n’est pas parler d’un train qui arrive en retard mais d’un train qui arrive en avance. Le journalisme traditionnel sensibilise et accompagne. Le journalisme de solution, c’est une valorisation avec un double impact : il alerte sur un problème et il apporte des réponses et des solutions qui ont de l’impact sur les communautés. C’est un levier de développement social. C’est une façon de modifier notre façon de voir le monde. On a tous fait du journalisme de solution sans le savoir. »

Gilles Vanderpooten : « Le journalisme de solution contribue à résoudre des problèmes de société avec un regard critique sur des initiatives. Nous voulons donner envie d’agir dans la société, d’inspirer les lecteurs et de les faire sortir de cette passivité. Le Libé des solutions est un bon exemple car au début c’était une sous-traitance, ceux qui le critiquaient en interne se le sont finalement appropriés. Et c’est une petite victoire. Le journalisme de solution, ça peut être un sujet très sérieux, très problématique. On n’est pas simplement cantonné au portrait d’un entrepreneur social. Finalement, c’est le journalisme tout court mais il a fallu mettre un mot sur cette pratique. »

À RETENIR

Lejournaliste, uniquement quelqu’un qui raconte des histoires ? Le nouveau domaine du journalisme de solutions donne un éclairage différent sur l’actualité. Il consiste à explorer les détails d’un problème pour en tirer une ou plusieurs solutions, parfois encore imparfaites. Une démarche qui a aussi pour but de renouer le lien avec le lecteur, la première source des journalistes. Si, sur le terrain, les citoyens apprécient ce travail dans les rédactions, le journalisme de solution ne semble pas plaire à tous. C’est à travers des formations que les plus sceptiques comprennent l’utilité de ce que certains appellent le « journalisme bisounours ».

 

Lorenza Pensa