Retrouvez l’essentiel de la conférence  « La télévision dans dix ans ».

La télévision est en train d’évoluer avec la technologie. Photo : Martin Esposito

 

Animé par Albéric de Gouville, rédacteur en chef France 24. Avec Alexandre Michelin, directeur général de Spicee, Bruno Patino, directeur éditorial d’Arte, Eric Scherer, directeur de la prospective de France Télévisions et Camille Mordiconi, TF1.

LES ENJEUX

La télévision saura-t-elle s’adapter à la multiplicité des écrans ? Parviendra-t-elle à se conjuguer aux réseaux sociaux ? Est-ce que la télévision se dirige vers un mariage inévitable avec la réalité virtuelle ou augmentée ? Alors qu’émergent de nouveaux acteurs comme Netflix, Facebook ou Snapchat, les meilleurs spécialistes du secteur ont tenté d’identifier les défis auxquels la télévision est déjà confrontée.

CE QU’ILS ONT DIT

Bruno Patino : « On peut imaginer quelques grandes tendances. En ce qui concerne l’image : l’image animée sera partout sur des écrans qui ne le sont plus vraiment. Toujours plus immersive. L’image sera à peu près partout. L’image animée va devenir pour le meilleur et pour le pire le langage dominant de l’information du savoir, du divertissement et de la culture. Il faudra faire en sorte qu’une image plate prenne de la profondeur. Au lieu d’être face à une image, on doit être dans l’image. On parle de réalité virtuelle. Le mot d’expérience est au centre du débat : notre expérience par rapport à image est en train de changer encore plus. Comment partager un point de vue quand on ne contrôle plus le regard de l‘utilisateur ? »

Eric Scherer : « Pour le support on aura autour de soi un écran virtuel qui affichera les dix titres qu’on souhaite avoir autour de nous. Nous aurons aussi des lunettes de réalité virtuelle qui permettront d’être immergé. On sera baigné dans univers numérique ambiant. Le mot télévision risque de se dissoudre dans un monde plus vaste qui est celui de la vidéo de l’image animée. Les programmes risquent d’être un peu perdues. On n’a pas vocation à travailler dans l’accompagnement de fin de vie, on veut être là pour l’ensemble de la population. »

Camille Mordiconi : « Il existe des supports de plus en plus variés. La télévision n’est pas du tout morte et on ne prévoit pas son décès dans les prochaines années. Les prime times rassemblent 25 millions de téléspectateurs. Il y a encore une appétence pour la télévision. Quand un programme fédérateur passe à l’antenne les gens veulent le voir à la télévision et pas sur un plus petit écran, comme lors de l’Euro. L’idée de demain c’est d’avoir un contenu de plus en plus fort et de le distribuer sur d’autres supports. »

Alexandre Michelin : « Derrière le mot plate-forme il y a celui de métadonnées à avoir en tête. Dans le monde de la télévision d’après-demain, la notion de programme reste assez vaste. Chaque fois que vous faites quelque chose aujourd’hui, il y a un programme d’information qui va vous aider à aller plus vite. »

 

À RETENIR

La télévision n’est pas morte, elle attire toujours des millions de téléspectateurs tous les soirs. Cependant, les jeunes délaissent de plus en plus les formes traditionnelles de la télé. Dans les prochaines années, c’est la révolution des objets qui va structurer l’avenir des médias. Les frontières de l’image doivent être redéfinies. Dans quelques années, le match de tennis ou de rugby se jouera devant nous sur notre table basse. « Soyez des hackers du journalisme ! », a finalement résumé Eric Scherer.

Lucie Martin