DataInvestigation_Cred_EmmanuelHaddek

(Photo : Emmanuel Haddek)

Retrouvez l’essentiel de l’atelier «La data au service de l’investigation»

Animé par Marthe Rubio, journaliste responsable de la région francophone chez Global Investigative Journalism Network. Avec Karen Bastien, datajournaliste et cofondatrice de Webodata. Jean-Marc Bourguignon, cofondateur et secrétaire général de Nothing2Hide. Edouard Perrin, journaliste à Premières lignes. Sandrine Sawadogo, journaliste d’investigation à l’Economiste du Faso.

LES ENJEUX

Panama Papers, Football Leaks, Paradise Papers… Depuis plusieurs années, l’investigation et le datajournalisme ont révélé des centaines d’affaires sans précédent. Derrière ces enquêtes, des millions de fichiers, documents et données ont nécessité beaucoup de moyen, de technologie et de compétences. La data est aujourd’hui au coeur du métier de journaliste et les rédactions s’investissent dans un domaine en pleine expansion. Mais les professionnels du traitement de données mettent en garde les médias sur la protection et le stockage de ces données, enjeu majeur de l’investigation et du data journalisme.

CE QU’ILS ONT DIT

Karen Bastien : « Le datajournalisme demande du temps. Les données doivent être nettoyées, classées et exploitées pour ensuite être relayées au grand public. Une partie excitante du métier est le datajournalisme sans data. On passe par le journalisme participatif. Cela permet de renouer le lien avec le public, qui est de fait acteur de l’investigation. Cette méthode est malheureusement sous exploitée en France, mais il ne faut pas oublier que derrière les chiffres, il y a avant tout de l’humain. »

Jean-Marc Bourguignon : «Une information est difficile à vérifier. Quand des rédactions reçoivent des leaks sur une clé, le premier reflexe doit être de protéger les données  pour ensuite prouver leur authenticité, mettre une empreinte unique. C’est une garantie indispensable, surtout en ce moment avec la défiance envers les journalistes. La technologie ne résout pas tout.»

Edouard Perrin : «L’investigation, ce n’est pas que des fuites, les données ne sont pas toujours publiques. Il faut aller les chercher à la source. Il est essentiel de s’allier, dans le cadre de consortium, car chaque pays a sa législation. Si en France on ne peut pas avoir accès à un document, un collègue européen peut résoudre le problème. C’est comme cela que l’on avance. Travailler en collaboration est un moyen de se défaire des leviers. Il faut être flexible et ouvert, si cela ne fonctionne pas avec une méthode, l’autre sera plus efficace.»

Sandrine Sawadogo : «L’investigation, c’est relever quelque chose qui ne va pas. Il n’y a aucun scrupule, seulement les faits. Mais avant d’en arriver là, il faut se défaire de très nombreuses barrières. La collaboration est une clé qui permet d’ouvrir des portes systématiquement fermées en tant qu’individu. L’exploitation des données peut prendre des années, c’est un travail sur le long-terme, mais le résultat le mérite.»

A RETENIR

La France est en retard sur l’investigation et le traitement des données. Mais grâce aux consortiums et à la collaboration entre les rédactions, de plus en plus d’enquêtes sont publiées, fruits d’un très long travail de recherche et d’interprétation de données. Les rédactions s’encadrent aujourd’hui de journalistes spécialistes de la data, qui ne sont plus considérés comme de simples geeks, mais comme des pièces maîtresses de l’investigation.

 

Louis BOULAY