Retrouvez l’essentiel de la conférence « Journaliste dans 10 ans : la parole aux formateurs ».

Les intervenants se sont accordés sur un point : la vérification des faits est essentielle. Photo : Lucie Martin

 

Animé par Sylvie Lecherbonnier (L’Etudiant), avec Corinne Vanmerris, directrice des études de l’ESJ Lille, Hervé Demailly, responsable de l’école de l’école de jounalisme du Celsa et président de la conférence des écoles de journalisme, Alice Antheaume, directrice exécutive de l’Ecole de journalisme de Sciences Po, Thibaud Delavigne, responsable Street School/ Media Maker et Cédric Rouquette, directeur des études du CFJ et directeur des études du CFJ et directeur exécutif de l’école W.

 

LES ENJEUX

Avec l’évolution constante des médias et du métier de journaliste, comment les responsables des écoles parviennent-ils à adapter leur formation ? Les représentants d’école de journalisme se sont réunis pour en débattre et répondre aux questions des étudiants, des professionnels ou simples consommateurs d’information. L’occasion d’aborder le statut de journaliste, la diversité dans les écoles, la place des nouveaux outils mais surtout celle des fondamentaux.

 

CE QU’ILS ONT DIT

Corinne Vanmerris : « Pour nous le journalisme dans dix ans, c’est déjà demain. On est sur ces deux temporalités dans la formation : leur permettre de travailler immédiatement mais aussi les rendre capables de s’adapter aux évolutions du métier. On ne cherche pas à former des journalistes geek. Les premières attentes des rédactions sont la posture professionnelle et la culture générale. Les journalistes doivent avoir une bonne culture générale et être en capacité de la renouveler. Ils doivent également avoir une capacité à proposer des sujets et à trouver une façon de l’aborder. Peu importe l’usage de la technologie. »

Hervé Demailly : « On est dans une évolution qui consiste à faire de chacun d’entre nous de potentiels médias. Et le métier de journaliste dans dix ans est difficile à définir. Il ne faut pas uniquement s’arrêter aux outils ou aux modes de consommation. Les comportements des journalistes vont aussi jouer. Leur rôle serait de pouvoir labéliser des informations, faire un vrai travail d’enquête, reprendre les rênes du métier tel qu’il était. On doit préparer les étudiants au changement de statut du journaliste pour qu’ils soient capables de s’adapter. »

Alice Antheaume : « On constate que bien souvent le CDI est le graal. Or dans le journalisme ce n’est pas le cas. Le CDI n’est pas forcément mieux payé que le CDD. On voit que se développent les « slasheurs » c’est-à-dire des journalistes qui ont plusieurs employeurs. J’étais inquiète de voir une hausse des pigistes. Alors nous avons fait une enquête pour savoir si le statut de pigiste était volontaire ou contraint. Le fait est que 21 % de nos élèves sont devenus pigistes réguliers ; et parmi eux, 68 % l’ont fait volontairement pour avoir une forme de liberté de choisir leurs employeurs. Cela permet d’avoir une flexibilité. »

Thibaud Delavugne : « La culture numérique fait partie de la culture générale. On l’a dit, la culture générale évolue et ça inclut le numérique. Je ne pense pas que le journaliste doit devenir un développeur mais qu’il doit être sensibiliser à ce monde-là. Il faut connaitre et maitriser le code sans en être un expert. Concernant la question du fact-checking, je pense que le véritable enjeu est de revenir à la question de confiance. Cela demande que les journalistes soient capables de transformer leur façon d’écrire et de diffuser l’information. C’est capital. Le fact-checking c’est super, mais c’est inutile si la confiance ne revient pas. Enfin, la question de journalisme passe, selon moi, par la diversité et la sélection des étudiants. »

Cédric Rouquette : « Les étudiants ne doivent pas devenir entrepreneurs au sens de monter une start-up. Ils doivent tous devenir entrepreneurs d’eux-mêmes : quel journaliste veulent-ils être ? Quelles compétences veulent-ils développer ? Ils doivent porter un projet, le réaliser et savoir comme l’équilibrer entre les fondamentaux du journalisme et les compétences techniques. »

 

À RETENIR

Former les journalistes de demain, c’est apprendre aux étudiants à rester rigoureux dans leur travail journalistique pour faire face à la concurrence et à la désinformation sur internet. Il faut également intégrer de nouveaux outils de diffusion, car le journaliste « ne doit plus seulement être lu, il doit être repris », souligne Hervé Demailly. Les étudiants sont également formés à défendre des projets. Enfin, outre la question de la technologie, le journalisme dans dix ans doit aussi être un journalisme diversifié.

 

Salomé Mesdesirs