EMI : l'éducation populaire

Retrouvez l’essentiel de la conférence «EMI : l’éducation populaire mobilisée»

Animé par Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France, François Laboulais, responsable du Pôle Médias, Numérique, Éducation Critique et Engagement Citoyen – Cemea (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active) ; Olivier Magnin, délégué Pôle Education à l’image et aux médias Image’IN – Ligue de l’enseignement de l’Oise ; Hervé Prévost, directeur national de programme chez Fédération nationale des Francas ; Maïka Seguin, chargée de mission à la Fédération régionale ADL PACA (Animation & Développement Local Provence-Alpes-Côte d’Azur) et chargée du développement éducation aux médias et à l’information pour la CMJCF (Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France).

LES ENJEUX

Dans un contexte de défiance toujours plus intense envers les médias et où les jeunes s’informent presque uniquement sur les réseaux sociaux, l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI) apparaît de plus en plus indispensable. Si l’Éducation Nationale intègre cette notion dans ses programmes, de nombreux acteurs de l’éducation populaire s’impliquent également pour faire émerger un esprit critique chez ces publics.

CE QU’ILS ONT DIT

François Laboulais : «On est dans une génération Netflix qui est en recherche de distraction : les questions complotistes nourrissent énormément les séries et des vidéos YouTube de type « top 10 des théories du complot ».»

Olivier Magnin : «On réalise un travail important sur le complotisme, en produisant une web-série « Les conspirations radicalement bidon », pour les détourner et en rire. On a un réel parti pris de l’humour.»

Hervé Prévost : «Le numérique a tout changé, économiquement cela semble plus accessible et plus abordable. On voit de plus en plus de web-radios naître.»

Maïka Seguin : «L’accès aux informations c’est sur les réseaux sociaux, le bouche à oreille, par des likes. Les élèves ne prennent pas le temps de vérifier. Il faut éviter de diaboliser, ce n’est pas manichéen : on réfléchit aux impacts sur nous, vers quoi on va, en termes de racisme.»

À RETENIR

83% des élèves de seconde s’informent sur les réseaux sociaux numériques. Ce chiffre impressionnant est amené par François Laboulais, membre du Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Cemea). Au cours de ses interventions avec le dispositif « éducation aux écrans » en Normandie, il s’est intéressé à ce public particulier. Pour lui, les élèves doivent contribuer aux orientations des sujets qui sont abordés.

Dès le départ, on pose un parcours de quatre séances : questionnaire en ligne, réseaux sociaux et contenus internet, recherche et production, smartphone. «Si on veut impliquer les jeunes, il ne faut pas être moralisateur ».

Olivier Magnin, de la Ligue de l’Enseignement, insiste lui sur la difficulté pour les enseignants de mettre en place de telles mesures. « Faire de l’EMI, c’est marcher sur des œufs. Si l’enseignant n’a pas la passion de l’information, il risque de se mettre en difficulté avec ses élèves ».

Pour Hervé Prévost, qui a utilisé les web-radios pour éduquer aux médias, la production de sons présente de nombreux avantages : l’appropriation active de l’information qui permet de décortiquer l’actualité (fake news). Les élèves peuvent participer et s’exprimer. Ces objectifs participent à la construction citoyenne.

Enfin, pour Maïka Seguin, il est important de créer des outils qui permettent d’aider les jeunes à comprendre et déconstruire avec eux le parcours qu’ils ont amorcé avec ce flux d’informations.

 

Lena PLUMER-CHABOT