Retrouvez l’essentiel de la conférence « Diversité dans les rédactions : briser le tabou des quotas ? ».

D’après les intervenantes, les quotas ne seraient pas un si mauvaise solution pour instaurer plus de diversité dans les rédactions. Photo : Lucie Martin

 

Animé par le présentateur de Vox Pop John-Paul Lepers accueille Samira Djouadi (délégué générale de la Fondation TF1), Nassira El Moaddem (rédactrice en chef du Bondyblog), Audrey Lebel (porte-parole du collectif Prenons la Une), Mai Lam Ngyen-Conan (présidente de Viavoice Diversity) et Géraldine Van Hille (chef de la mission cohésion sociale au Conseil supérieur de l’audiovisuel).

LES ENJEUX

Les médias sont accusés de ne pas suffisamment représenter la diversité de la population française. Que ce soit au sein des rédactions ou sur le petit écran, la part des minorités visibles progresse difficilement. Comment améliorer la diversité dans les médias ? Les quotas ne seraient-ils pas une solution appropriée à ce problème ?

 

CE QU’ELLES ONT DIT

Nassira El Moaddem : « Qu’est-ce qui a changé dans la ligne éditoriale d’une rédaction après l’arrivée de personnes issues de la diversité ? Il faut interroger les patrons de presse, qui se cachent derrière des étendards. Harry Roselmack est cité par tour le monde et c’est assez révélateur. C’était une bonne chose de le mettre à l’antenne, mais il ne faut pas s’arrêter à ça. »

Mai Lam Nguyen-Conan : « La diversité, ce n’est pas une question de largeur de porte, mais de largeur d’esprit. La première question à poser dans les rédactions est la suivante : êtes-vous ouvert, connaissez-vous le monde et la société qui vous entourent ? Est-ce que j’ai suffisamment de 06 issus de la diversité dans mon carnet d’adresses ? La réponse est souvent « non ». Notre société souffre de cloisonnements qui sont difficiles à abattre. »

Audrey Lebel : « Je suis pour les quotas de femmes dans les directions des médias. Les femmes sont confrontées au plafond de verre. De plus, bien souvent, les hommes qui interviennent dans les médias sont des hommes blancs de plus de 50 ans. Ce n’est pas être raciste de dire ça. Ça en dit long sur la santé de notre société. »

Géraldine Van Hille : « Concernant le handicap représenté à la télévision, il y a une vraie prise de conscience, avec le programme « Vestiaires » sur France 2 par exemple. Pourtant, les chaînes partent de tellement loin que la part des personnes en situation de handicap est trop faible : 0,8 % du temps d’antenne en 2016. »

 

À RETENIR

De l’avis de toutes, les quotas peuvent être bénéfiques, sous certaines conditions. « C’est une solution par défaut », estime Audrey Lebel. Pour Samira Djouadi, « les quotas ne sont utiles que s’ils sont suivis d’actions concrètes ». Le CSA souhaiterait influencer sur la politique de recrutement des médias audiovisuels, et contraindre à des résultats, mais il s’avère que les chaînes n’ont aucun compte à rendre à l’autorité.
Le débat s’est ensuite déplacé sur la représentation des banlieues à la télévision. L’occasion pour la rédactrice en chef du Bondyblog Nassira El Moaddem d’expliquer qu’« il existe cette propension des médias privés, mais aussi du service public à mettre l’accent sur les faits divers. On a une tendance depuis dix ans à sur-représenter les faits divers à la télévision. Les banlieues en sont les premières victimes : agressions, deal, voitures qui brûlent, etc. Il suffit de voir les émissions sur M6 et le Figaro magazine qui sont champions en la matière. » Solution finale défendue par les intervenantes : l’éducation aux médias, en particulier dans les zones d’éducation prioritaires (ZEP). Les jeunes pourraient ainsi disposer d’une meilleure connaissance de l’information, à l’instar des interventions du Bondyblog dans les lycées de La Courneuve ou aux universités de Paris 8 et Paris 13.

Medhi Casaurang-Vergez