Comment fournir des chiffres fiables lors des manifestations ? Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « 2 000 selon la police, 200 000 selon les manifestants

Animée par Thomas Legrand, journaliste et éditorialiste à France Inter.

LES ENJEUX

Entendre deux chiffres différents sur le nombre de personnes présentes à une même manifestation est courant dans les médias. Mais alors qui dit vrai ? Pour le public, le flou demeure. Et les journalistes qui devraient apporter une information fiable et vérifiée à cette question se contentent souvent de donner les chiffres de la police et celui des organisateurs, tout en sachant qu’au moins une de ces deux informations est fausse. 

CE QU’IL A DIT

Thomas Legrand : « Il devient insupportable de délivré à nos auditeurs de donnés deux informations dont vraisemblablement au moins une est fausse. Comment peut-on donner en tant que journaliste deux chiffres et dire « débrouillez-vous avec ça » ? Tout en sachant qu’on transmet forcément une information fausse. France Télévision, Libération et Médiapart ont décidé de se mettre à compter à un moment donné. Et il se trouve qu’ils sont tombés sur quelque chose de proche du nombre donné par la police. Aujourd’hui, les chiffres de la police ne peuvent que difficilement être trafiqué sans que cela se sache. Donc j’ai fait un édito pour dire que ce n’était pas normal de donner deux chiffres comme ça. À la suite de mon édito, j’ai contacté tous les instituts de sondage pour savoir s’ils essayaient de compter le nombre de manifestants et ils m’ont tous répondu qu’ils avaient déjà essayé de le faire mais que ça sortait de leur travail.

Les écarts les plus importants entre les chiffres annoncés par la police et les organisateurs l’ont été sur la manif pour tous. Un regroupement de près d’une centaine de médias ont décidé de travailler ensemble pour fournir un seul et même chiffre. Cette transparence que la police et les organisateurs ne pouvaient pas nous apporter, on a essayé d’aller la chercher. Il faut revenir à quelque chose de raisonnable. Avec cette distorsion des chiffres, on est arrivé à des choses déraisonnables et fausses. Je pense que c’est une avancée dans la crédibilité journalistique. »

À RETENIR

Un journaliste ne peut pas avancer deux informations tout en sachant qu’au moins l’une d’entre elles est fausse. L’auditeur, le lecteur ou le téléspectateur a le droit à une information fiable et vérifiée. Les médias doivent travailler ensemble pour apporter des chiffres au plus près de la vérité.

 

Valériane Gouban