Johan Hufnagel est cofondateur de LoopSider, un nouveau média en ligne. Il veut casser les codes de la vidéo grâce aux réseaux sociaux.

Comment traiter des sujets parfois complexes par des formats aussi courts ? Est-il possible de donner une valeur ajoutée à l’information ?

Est-ce que vous posez la même question aux journalistes du JT de France 2 ? Il y a deux façons de répondre. La première, c’est que dans nos formats, tels que nous les concevons aujourd’hui, il y a la brique de base. C’est le sujet qui fait entre une et deux minutes. Ensuite, il y a des briques supplémentaires faites de briques de base. C’est une façon d’apprendre le récit et d’apprendre comment informer avec de l’image sur les réseaux sociaux. Ces formats-là sont donc plus longs et plus ambitieux que les formats de base d’une minute et demi. 

Ensuite, à qui nous adressons-nous ? Nous faisons le choix de faire de l’information par les réseaux sociaux pour deux raisons. D’abord, de plus en plus de gens choisissent de s’informer uniquement via ces plateformes et leur communauté. De plus, ils le font majoritairement par l’image. 

Quelle est votre ligne éditoriale ? Comment choisissez-vous vos sujets ?

Nous décidons de nous adresser à tout le monde. Donc pas forcément des gens qui ne lisent que Le MondeMédiapartLibération ou qui ne regardent que Cash Investigation. Notre ambition c’est que tout le monde puisse s’informer. Et pour ça, il existe des codes. Des codes d’image, de durée et d’angle. 

Nous essayons de bannir le sujet de télé traditionnel qui, pendant une ou deux minutes, va essayer de tout dire en donnant la parole à un peu tout le monde. Nous, nous allons prendre un angle qui va se traduire par un portrait, une histoire, une image. 

Typiquement, dans la guerre des mots à laquelle on assiste en ce moment entre Londres et Moscou, nous savons que si nous faisons un sujet JT, nous serons battus par Lemonde.fr ou Liberation.fr. Le sujet de news sur lequel on va essayer de ratisser large n’a aucun intérêt pour nous. En revanche, prendre uniquement le discours de Theresa May devant la Chambre des Lords et le sous-titrer, ça va ne durer qu’une minute trente, mais vous ne le verrez pas dans les JT.

Ça ne veut pas dire qu’on peut s’informer uniquement avec LoopSider, Brut ou Konbini. Les gens ne s’informent aujourd’hui qu’auprès des mêmes cercles. Mais c’est peut être avec nos méthodes que l’on va pouvoir casser ces bulles d’information. 

Vous vous voyez donc comme un média de complément ? 

Non, nous souhaitons apporter quelque chose de différent à l’heure de grands changements dans la diffusion de l’information. Si l’on réfléchit comme ça, Le Monde est un complément à l’AFP. 

Nous n’avons que soixante jours, nous ne sommes encore qu’au début de cette expérience. 

Propos recueillis par Hugo Vallas