Retrouvez l’essentiel des enseignements de l’enquête « Le prix de l’info » menée Harris Interactive, présentée ce mercredi soir au public.

De gauche à droite : Aurélie Gibiat, Jacques Trentesaux, Marc Mentré, Julia Cagé, Denis Bouchez. (Crédit photo : Camille Charpentier)

De gauche à droite : Aurélie Gibiat, Jacques Trentesaux, Marc Mentré, Julia Cagé , Denis Bouchez. (Photo : C.Charpentier)

Avec Aurélie Gibiat (Harris Interactive), Jacques Trentesaux (L’Express), Marc Mentré (président des Assises du journalisme), Julia Cagé (professeur d’économie à Sciences Po Paris), Denis Bouchez (Presse et Pluralisme).

LES ENJEUX

À l’heure du développement de la presse sur Internet, la presse papier est en crise. Les Français sont-ils encore prêts à payer pour accéder à l’information ? Si oui, pourquoi ? Quelles sont les perspectives d’avenir pour les médias concernant leur financement ?

CE QU’IL FAUT RETENIR

    • Les Français gardent un fort intérêt pour l’information : près de 8 Français sur 10 déclarent être intéressés par l’actualité. 43 % d’entre eux consultent aujourd’hui de l’information via les réseaux sociaux.
    • Ils consomment massivement de l’information gratuite (96 %), mais sont aussi prêts à payer pour s’informer : près de 7 Français sur 10 consomment de l’information payante au moins de manière occasionnelle. Le prix de la presse est jugé raisonnable. Un tiers la trouvent trop cher malgré tout. 54 % estiment dépenser moins de 10 euros par mois.
    • S’ils sont prêts à dépenser pour accéder à l’information, c’est parce que les Français estiment que l’info payante est de meilleure qualité. Près de 7 Français sur 10 pensent qu’il est justifié de payer pour une information qui provient d’une enquête ou d’un reportage sur le terrain et 68 % pour être sûr de la véracité de l’information. La presse écrite payante est particulièrement valorisée car jugée bien écrite (73 %), de qualité (72 %) et bien analysée (68 %). Sur les sites internet, les différences entre contenus payants et gratuits sont en revanche estompées.
    • À l’heure de l’instantanéité de l’information, l’exclusivité de l’information a en revanche moins de valeur aux yeux des Français. 45 % seulement estiment qu’il est particulièrement justifié de payer pour une info exclusive.

CE QU’ILS ONT DIT

Marc Mentré : « Il y a pour moi des incohérences dans cette étude. Beaucoup de Français se disent prêts à payer, mais en réalité ils dépensent pour la plupart moins de 10 euros par mois. »

Julia Cagé : « Ce qui peut paraître inquiétant, ce sont les sites que consultent les jeunes comme Vice News ou Mashable. Ce sont des médias qui offrent de l’information gratuitement mais qui se financent grâce au native advertising. On entretient donc une confusion entre le contenu éditorial et publicitaire. Cela pose énormément de problèmes. Les jeunes sont consommateurs d’informations mais sur des supports différents, mais il faut qu’on leur apprenne à payer. »

Jacques Trentesaux : « Le public a été habitué à la gratuité. La redevance de la télévision est indolore et la sensation de gratuité est encore plus forte à la radio. La gratuité de la presse sur le web pose de nombreux problèmes aux journalistes car notre information a de la valeur, mais ne trouve plus son public. Il y a un paradoxe non résolu. Les gens scrutent avec une grande attention ce qu’ils mangent, mais ingurgitent l’information sans forcément contrôler sa qualité.»

Denis Bouchez : « Au départ, personne ne croyait au crowdfunding, alors que c’est aujourd’hui un moyen efficace pour les médias de se financer. C’est la même chose avec le crowdequity aujourd’hui, qui permet aux donateurs de devenir actionnaires. Il faut laisser la place à la loi sur le crowdequity de s’installer. »

Camille CHARPENTIER

L’enquête complète