Depuis les attentats de Charlie Hebdo, l’éducation aux médias est devenue une des priorités du Gouvernement. C’est ce qu’affirme la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Balkacem, qui a accepté de nous répondre… par écrit et sans apporter de réponses à toutes nos interrogations, notamment sur le rôle, depuis plus de 30 ans, du Clémi, le Centre de liaison de l’enseignement et des médias de l’information. La ministre prend toutefois l’engagement que l’éducation aux médias ne dépendra plus, désormais, du bon vouloir de chaque établissement.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation Nationale, tient à renforcer l’éducation aux médias dans le système éducatif français. Un enseignement qui est intégré à la réforme du collège. Crédit : Philippe Devernay.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, tient à renforcer l’éducation aux médias dans le système éducatif français. Un enseignement qui sera intégré aux programmes scolaires dès la rentrée prochaine. (Photo: Margot L’hermite)

Est-ce une volonté du gouvernement de développer l’éducation aux médias dans les établissements scolaires ? Si oui, à partir de quelle classe ?
 
Aujourd’hui l’information se déploie sur des supports multiples, avec une rapidité inimaginable. Il est donc plus important que jamais de donner à nos élèves le discernement, le recul et l’esprit critique nécessaires dans leur rapport aux médias et à l’information. C’est pour cela que j’ai tenu à ce que l’éducation aux médias et à l’information soit mise en place, de l’école primaire au lycée, pour tous les élèves.

Quels sont les objectifs ? Pourquoi renforcer l’éducation aux médias chez les jeunes ?
 
L’éducation aux médias permet de former des citoyens actifs, éclairés et responsables, dans cette société de l’information et de la communication qui est la notre. Il s’agit de donner aux élèves les clés pour être à la fois lecteurs, producteurs et diffuseurs de contenus. Ces activités doivent conduire les élèves à décrypter la fabrication de l’information journalistique et le fonctionnement des réseaux sociaux.

Sous quelle forme l’éducation aux médias est ou sera développée ?
 
J’ai voulu que cet enseignement s’appuie sur la création de médias par les élèves eux-mêmes : radio, blog ou journal. Ces médias sont tenus par les élèves eux-mêmes car, pour comprendre le fonctionnement des médias, rien de mieux que d’en fabriquer soi-même. Je souhaite donc que soit développé au moins un média par collège et par lycée. De plus en plus de blogs et de journaux sont créés, de même que des télés et des radios, dont le nombre a doublé depuis janvier 2015.

Pour l’heure, les établissements scolaires restent libres de mettre en place ou non des ateliers sur l’éducation aux médias. La réforme du collège imposera-t-elle la mise en place de ces ateliers sur cette thématique ?  La réforme du collège aura-t-elle des impacts sur l’organisation des ateliers, liés à l’éducation aux médias, déjà existants ?
 
L’éducation aux médias et à l’information est désormais présente dans les nouveaux programmes de la scolarité obligatoire, à l’école primaire, au collège et au lycée. L’éducation aux médias sera donc proposée à tous les élèves. Cela ne dépendra pas du bon vouloir des établissements. La réforme du collège permet d’approfondir encore l’éducation aux médias. Le nouvel enseignement pratique interdisciplinaire nommé « information, communication, citoyenneté » offre l’opportunité aux élèves de passer à la pratique, en mode projet.

Quelle est la nécessité d’éduquer les enfants à la liberté de la presse, au droit à la caricature et de leur apprendre le rôle de la presse dans la démocratie ?
 
La réflexion sur les problématiques liées aux médias et à l’information permet à nos élèves d’aborder le monde avec un esprit critique. Cela contribue aussi au développement de leur autonomie, de leur créativité et de leur responsabilité. La maîtrise de la production d’information prépare la jeunesse aux enjeux de citoyenneté à l’ère du numérique. Tout ce travail que j’ai engagé s’inscrit pleinement dans la Grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République, que j’ai lancée après les attentats de janvier 2015 pour apporter des réponses fortes et de long terme, qui passent aussi notamment par la formation des enseignants.