Depuis neuf ans, les Assises du journalisme posent leurs valises un peu partout en France. Lille, Strasbourg, Poitiers, Metz et Paris les ont déjà accueillies par le passé. Pour la première fois, c’est à Tours que des dizaines de conférences, 200 intervenants et quelque 2 000 visiteurs se sont donnés rendez-vous : les Assises du journalisme ouvrent leurs portes ce mercredi au centre de congrès Vinci, au cœur de la Touraine. 

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Chaque année depuis 2007, des professionnels de l’information se réunissent pour échanger, à partir d’un thème, sur les enjeux de la presse du XXIe siècle. Ces jours-ci – les 9, 10 et 11 mars 2016 – les débats, les conférences et les expositions porteront sur le prix de l’information. Toutes les personnes intéressées, les professionnels des médias comme le grand public, peuvent profiter de l’entrée libre pour assister à des rencontres autour du financement participatif, du média en tant que marque, du modèle de l’entreprise de presse solidaire, etc. Dans la continuité de l’axe adopté l’an dernier sur « les leçons de Charlie », les Assises se pencheront d’ailleurs assez longuement sur l’éducation aux médias . Cécile Bourgneuf, cofondatrice du P’tit Libé, sera présente, ainsi qu’ Emmanuelle Gaviet , responsable de l’opération Interclass de France Inter, ou encore Laurence Fredet, la rédactrice en chef de la revue pour les adolescents, Topo.

Les Assises marquent de cette manière leur volonté de s’ancrer dans les réalités des médias. Cette réunion unique de professionnels de l’information avait ainsi contribué, dès sa deuxième édition, à la création d’États généraux de la presse, inaugurés le 2 octobre 2008 par le Président de la République, Nicolas Sarkozy, pour trouver des solutions aux difficultés économiques des journaux confrontés à l’essor du numérique. Cette année encore, durant trois jours, les Assises accueillent des chercheurs, des éditeurs, des enseignants et des citoyens intéressés par la vie des médias ; un salon du livre de journalisme (inédit) se tiendra même au centre de congrès Vinci. Il fera écho à la traditionnelle remise de prix qui récompense les auteurs des meilleurs travaux journalistiques ou consacrés au journalisme de l’année, dans les catégories Journalisme, Recherche ou Enquête et reportage.

Manque de communication

Et si, en seulement neuf éditions,  les Assises ont déjà posé leurs bagages à Paris, Metz, Poitiers, Strasbourg et Lille, elles pourraient s’installer définitivement à Tours : l’association Journalisme et citoyenneté, qui organise les Assises, et la ville de Tours l’envisagent. L’objectif, pour la ville de Tours est en effet de fidéliser l’association organisatrice, Journalisme et citoyenneté, pour que cet événement s’inscrive parmi les rendez-vous majeurs de la ville, chaque année. L’Ecole publique de journalisme de Tours est d’ailleurs un atout supplémentaire pour une telle collaboration sur le long terme.

Il faudra toutefois, pour faire de cet événement un succès en terre tourangelle que la ville daigne muscler un peu sa communication. Peu ou pas d’affichage (absent jusque sur la façade même du centre de congrès Vinci), peu ou pas de pavoisement, peu ou pas d’interview possible des élus… Impossible notamment, pour des journalistes-étudiants de l’EPJT d’obtenir la réaction d’un Christophe Bouchet, adjoint au maire qui a pourtant œuvré en coulisses pour la venue des Assises et faisait l’annonce dès mars 2015 lors de l’édition parisienne de ce rendez-vous. Difficile, aussi, d’obtenir quelques mots pressés du maire Serge Babary, que l’on imagine mal à court d’arguments sur une telle opportunité… Il nous le dira finalement, il s’agit pour lui d’un « événement important dans le cadre du rayonnement de la ville », lui qui, lors des dernières élections, avait déjà clamé son désir de « redonner à Tours une place digne des atouts culturels, touristiques, historiques et patrimoniaux qu’elle possède », face à ses concurrentes régionales.

La ville espérerait donc bien devenir un carrefour du monde médiatique. A moins de deux heures de Paris, elle est idéalement située et assure la liaison avec le reste du territoire. « Les journalistes sont des personnes très actives. Ils seront entre 180 et 200 présents. Ils risquent de parler de la ville et c’est très valorisant pour nous », souligne le maire. On imagine que les retombées réelles, en terme de dialogue citoyen, d’éducation aux médias (pour les plus jeunes notamment) et de valorisation de l’image de la collectivité dépasseront ce simple pari sur la notoriété. Car l’accueil d’un tel événement a un prix : plus de 100 000 euros pour la ville et l’agglomération. Autant, dans ces conditions, travailler à en multiplier les retombées. Et communiquer.

Sara GUILLAUME et Thibaut ALRIVIE