Retrouvez l’essentiel de la conférence « Data reporter, quelle plus-value pour une rédaction ? »

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Avec Marie Coussin, data journaliste chez Askmedia, Nicolas Kayser-Bril, fondateur de Journalism++, Sylvain Lapoix, datajournalist et coauteur de #Datagueule, France 4 et Gary Dagorn, journaliste aux Décodeurs (lemonde.fr). Animé par Nathalie Pignard Cheynel, maître de conférence à l’Université de Lorraine, Académie du journalisme et des médias, Observatoire du Webjournalisme.

LES ENJEUX

Apparu dans les années 2010, le data journalisme reste une pratique méconnue qui se développe en marge des rédactions ou dans des pôles très spécifiques (Les Décodeurs, Data match sur Paris Match). Pourtant, le data journalisme permet de trouver facilement des anomalies dans des gigantesques bases de données. « Cela peut donner lieu à d’autres sujets et enquêtes », précise Sylvain Lapoix. Cette nouvelle forme de journalisme va chercher l’information dans la donnée et évite ainsi les sources institutionnelles. La démocratisation de cette pratique dans les rédactions et sa monétisation sont les enjeux fondamentaux du data journalisme pour les prochaines années.

CE QU’ILS ONT DIT

Marie Coussin : « Le data journalisme nécessite des compétences complexes, c’est plus simple pour un média d’externaliser. » « Si le data journalisme n’est pas encore démocratisé, c’est aussi un problème de culture dans les rédactions. Les rédacteurs en chef ne connaissent pas forcément très bien la pratique. Cela prendra du temps pour l’intégrer à la culture médiatique. »

Nicolas Kayser-Bril : « Il faut bien savoir lire les données car on peut les traduire de différentes manières. » « Aujourd’hui, savoir coder est une plus-value pour le journaliste. Dans quelques années, ce sera indispensable. Les médias cherchent des compétences en développement informatique. Apprendre à coder, c’est un des meilleurs investissements pour un journaliste. » « Il est possible de monétiser nos enquêtes si on s’aide d’une bonne équipe marketing. »

Sylvain Lapoix : « Le data journalisme n’est pas rentable pour le moment. Si on rentre dans une logique de clics, on est mort. Aujourd’hui, une enquête de data journalisme fouillée fait autant de cliques qu’un article de desk sur Voici. »

Gary Dagorn : « Le data journalisme n’est pas une priorité dans les rédactions. » « Aux Décodeurs, nous avons le monopole au sein de la rédaction du Monde dans le traitement de la donnée. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

La double barrière culturelle et des compétences (mathématiques, statistiques et informatiques) est un frein à la démocratisation du data journalisme. Lors des questions-réponses, un échange houleux entre Sylvain Lapoix et un spectateur a illustré les préjugés dont souffre le data. Le data journaliste a notamment été interrogé sur la valeur journalistique de son travail. « Où se situe le reportage, le terrain dans votre travail ? », a demandé le spectateur. « Les chiffres ont été traités, analysés et choisis pour des raisons précises. Ils parlent d’eux-même », a rétorqué le coauteur de #Datagueule. Au final, et malgré la mauvaise opinion qu’en ont certains journalistes, le data est un genre journalistique spécifique au même titre que le portrait ou l’interview.